Tibériade, à environ 207 mètres en dessous du niveau de la mer, est la capitale de la Galilée, dans le nord d'Israël. Ville historique et touristique réputée, Tibériade a pendant plus de 2000 ans maintenu et développé un rôle important et stratégique dans la région. Tibériade est également l’une des quatre villes sacrées du judaïsme : connue pour la sainteté des nombreuses sépultures de grands Rabbins et de chefs juifs, c'est une ville de pèlerinage importante.
Tibériade est la porte d’accès de la Haute-Gallilée. Important carrefour entre la région côtière et la Jordanie, entre l’Egypte et la Syrie, deux grandes routes s’y croisent : l’ancienne voie reliant Haïfa à Damas et celle allant de la vallée du Jourdain jusqu’à Métoula.
L’histoire de Tibériade commence au début du 1e siècle de l’ère chrétienne. La ville doit son nom à l'Empereur Tibère en l’honneur de qui elle fut bâtie. Construite en l’an 21 après- J.-C. par le fils d'Hérode le Grand, Hérode Antipas en fit sa capitale. Pendant l’édification de la cité, d’anciennes sépultures ayant été découvertes, les Israélites considérèrent qu’elle était impure et refusèrent de s’y établir. Mais Hérode voulant à tout prix rendre sa ville prospère, usa de mesures arbitraires pour contraindre les Israélites à y résider. Sous Agrippa II, les Romains édifièrent à Tibériade un palais et un stade. Lors de la guerre des Juifs contre Rome (66-70 après J.-C.), Flavius Josèphe fortifia la cité. Suite à la victoire de l’empereur Vespasien sur la révolte juive de Galilée, les habitants de Tibériade ouvrirent les portes de la ville aux troupes romaines, ce qui lui évita d’être pillée.
Après la destruction du Temple de Jérusalem, le foyer de la vie spirituelle juive se transporta vers le nord. Tibériade devint la capitale d'Israël et le centre des études rabbiniques. Le Sanhédrin s’y installa Vers l’an 200, Rabbi Yéhuda Hakadosh y compila la Mishna, la loi traditionnelle de la Tora. Ainsi dès l'Antiquité, la ville fut peuplée d'érudits et de sages. Du Ier siècle au début du Moyen Âge, Tibériade se mua en grand centre de la vie intellectuelle et de l’enseignement du judaïsme.
Au sixième siècle, à l'agonie de son expansion, l'empereur byzantin Justinien fit construire une enceinte autour de la cité, qui escaladait les pentes escarpées orientées vers l'ouest et englobait le point culminant, le mont Bérénice. C'est là que des vestiges d'une église byzantine contenant des objets cultuels rares ont été découverts en 1990-1993. L'église, située à l'intérieur de la muraille d'enceinte de la ville, offre un panorama magnifique sur tout le lac de Tibériade, ses rives et les montagnes au loin.
La ville demeura prospère jusqu'au XIe siècle, puis déclina à l'époque des Croisés.
En 1187, la forteresse de Tibériade fut prise d’assaut par le célèbre conquérant arabe Saladin. Cependant, une porte de trois mètres de haut et un pan de muraille appartenant à cette forteresse de l’époque des Croisés ont été réhabilités et font désormais partie du patrimoine historique de Tibériade. Les détails architecturaux qui les ornementent sont d’une rare beauté et en très bon état bien que datant du 12 siècle. Certains détails ornementaux, comme un chandelier à cinq branches, laissent penser aux archéologues que la forteresse a été construite sans doute à partir des ruines d’une synagogue prestigieuse. Il pourrait peut-être s’agir d’une maison d’étude. Les motifs ne seraient pas sans rappeler ceux de la synagogue de Capharnaüm. Après le XIIe siècle, la communauté juive se réduisit et la ville périclita.
Au XVIe siècle, la ville fut remise aux Juifs par Soliman le Magnifique, notamment à Joseph Nasi, personnalité importante de la Cour des Sultans ottomans, devenu le Comte d'Andros et Duc de Naxos, et à Donna Gracia Nasi, marrane protégée du Sultan.
En 1833, Ibrahim, pacha d’Egypte qui l’occupa, restaura ses murailles mais celles-ci furent détruites quatre ans plus tard par une secousse sismique qui fit des centaines de morts.
Tibériade fut reconstruite au XIXe siècle et se développa à la faveur de l’immigration, stimulée par la douceur du climat et par ses potentialités agricoles.
En 1918, Tibériade fut prise par les troupes britanniques. La population juive devint majoritaire vers 1920.
L'un des principaux atout de Tibériade reste son emplacement géographique qui lui offre de nombreux avantages : abondance d'eau et de verdure, stations thermales et bains minéraux naturels. Bâtie sur la rive ouest du lac de Galilée, la ville blanche en pente s’étale par palier du haut des collines jusqu’au bord de l’eau bleue. Elle offre ainsi une très belle vue sur tout le pourtour du Kineret. La ville pittoresque de Tibériade est aujourd'hui une charmante station balnéaire de près de 40.000 habitants.
Réputée pour ses sources chaudes et à effets thérapeutiques qu'exploitaient déjà les Romains du temps de l'empereur Tibère, il y pleut moins de 50 jours par an et y fait en moyenne 20 degrés en hiver. Elle offre de larges capacités d'hébergement, des restaurants et un éventail de sports nautiques. Tibériade propose aux touristes de nombreuses chambres d'hôtel, des divertissements, une belle promenade bordant de lac, un parc archéologique, des restaurants de poissons, des bateaux de croisière, etc. Tout un éventail de loisirs pour la plus grande satisfaction des vacanciers.
Tibériade est aussi un grand centre religieux : il s'y trouve de nombreuses sépultures d'importants Rabbins tels que Rabbi Akiva, le théologien et philosophe Maimonide, Rabbi Meir Ba'al Ness, le Ramhal et Rabbi Moshé Chaïm Luzzato ; les synagogues antiques servent au pèlerinage. C’est, avec Jérusalem, Hébron et Safed, l'une des quatre villes saintes du judaïsme.
Aujourd’hui, Tibériade est également une ville ouverte sur le monde. Elle est jumelée avec plusieurs localités de différents pays : une en Allemagne, trois aux Etats-Unis et une en Chine depuis cette année. Pour la France, depuis 1983 avec Montpellier et cette année avec Saint-Raphaël.
Israel Magazine / Noémie Grynberg 2007