Hanna Doukhan est une artiste israélienne d’origine française qui cherche à travers sa peinture à saisir et restituer l’harmonie du monde, dans sa force paisible. Installée à Jérusalem depuis une quinzaine d’années, elle y vit, peint et y trouve sa source d’inspiration.
Son actuelle exposition « Interactions » présentée jusqu’au 23 décembre prochain à la galerie hiérosolomytaine Artspace, propose une vision unissant les personnes et la terre d’Israël. Les tableaux à l’huile décrivent surtout des ambiances, dans des tons très terriens avec des à-plats au couteau. Paysages, portraits, natures mortes, Hanna Doukhan croque une réalité quotidienne dans une vision très personnelle. Le point commun entre toutes ces toiles c’est Israël. Mises ensemble, elles forment ces rencontres, ces « interactions ».
Ce n’est pas la première fois que cette artiste présente ses tableaux. En effet, depuis 2003, elle expose en solo ou en groupe à travers le monde, aussi bien à Paris, qu’à Munich, Shanghai, Jérusalem ou Tel-Aviv.
Pourquoi et comment avez-vous choisi la peinture comme moyen d’expression ?
Hanna Doukhan : Enfant, j’ai toujours dessiné mais plutôt au crayon, en noir et blanc. Plus tard dans mon travail, j’ai utilisé le dessin pour illustrer les documents de communication interne dont j’étais responsable, alors que j’occupais un poste de gestion humaine au sein d’une grande banque en France. Monter en Israël en 1995 a été pour moi un révélateur. En 1998, suite à une maladie, j’ai décidé de quitter ma carrière bancaire et de me consacrer enfin à ma vraie passion. J’ai d’abord suivi durant quelques mois un stage au Musée d’Israël, lors duquel j’ai découvert la couleur. Je me suis ensuite inscrite à la Jerusalem Studio School d’Israël Hershberg pendant 3 ans. J’ai beaucoup été influencée par son enseignement, surtout au niveau des teintes que j’ai longtemps gardées. Ces dernières années, ma peinture à évolué du statique au mouvement mais aussi du gris au plus coloré.
En quoi votre art est-il spécifique ?
H. D. : Il est sincère et traduit mon état d’âme. Je donne du corps à ma peinture. Elle possède une puissance qui provient du médium lui-même. Le fait d’enduire aussi mes toiles au couteau donne une peinture solide. J’y apporte une attention, une construction basée sur des lignes de forces. Ma composition également est en évolution. Je la définirai aujourd’hui comme une géométrie harmonique. Je crée une peinture aux origines plutôt européennes, de par mon vécu.
Comment travaillez-vous ?
H. D. : L'acte de regarder est la clé de la peinture pour trouver l'harmonie des couleurs et des formes que je vois. Mais le maintien de cette émotion reste une tâche difficile car un tableau demande du temps. Il faut donc garder à l'esprit l’étincelle d’inspiration du départ afin d'atteindre l'harmonie des taches colorées, d’une sensation visuelle forte, sans perdre la fraîcheur de la première impression. Ma démarche reste cependant abstraite concernant les thèmes.
Quelles sont les principales composantes de votre peinture ?
H. D. : Israël essentiellement. Les composantes viennent notamment d’impressions que je retravaille par l’analyse, la construction, en me mettant en retrait.
Qu’exprimez-vous à travers vos toiles ?
H. D. : L’harmonie avant tout. Celle qui permet de retrouver l’harmonie du monde, perdue à cause d’un regard parcellaire. Celle qui sert à se débarrasser des brouillages. Je recherche la vérité, une vision plus positive, un regard sur le monde dans l’universalité des choses. J’exprime ainsi les couleurs, les équilibres des formes et des gestes.
Quel est lien faites-vous entre peinture et judaïsme ?
H. D. : Il se traduit non pas par des thèmes spécifiquement juifs ou religieux mais par le thème de la terre d’Israël. Mon travail allie ma foi personnelle très forte et une volonté de sortir de l’angoisse lourde liée à la Shoah, héritée de ma mère. Mon art me permet de vivre mon judaïsme en Israël de façon plus positive, grâce au regard.
Quel est votre message au public ?
H. D. : C’est un partage essentiellement visuel, qui donne des forces et dont l’objectif est de traduire l’harmonie.
Quel est votre public ?
H. D. : Il est varié mais se compose principalement de collectionneurs venus de l’étranger.
Quels sont vos futurs projets ?
H. D. : Une prochaine exposition prévue en mai 2011 à Tel-Aviv et peut-être aussi d’autres présentations en Europe.
Noémie Grynberg 2010