Voilà plusieurs années que le hi-Tech israélien a compris l’intérêt de recruter des orthodoxes dans ses rangs et que les haredim y ont vu l’opportunité de s’intégrer au monde du travail tout en conservant un mode de vie conforme à la Halacha.
Ainsi, le Collège technologique Lev de Jérusalem (pour garçons) et son campus Lustig de Ramat Gan (pour filles) préparent des centaines de jeunes à entrer sur le marché de la programmation informatique.
Au reste en 2013, le rabbin David Leybel, d'origine française, a ouvert à Bnei Brak une école religieuse de haute technologie, baptisée « RavTech ». Celle-ci reçoit 400 candidatures par an pour une trentaine de places. Pendant douze mois, les élèves - des pères de famille pour la plupart, tous boursiers - étudient le matin le Talmud et l'après-midi, le langage informatique Java. La seconde année du programme, ils travaillent à mi-temps comme développeurs Web pour le compte de grands noms comme EMC, Citibank ou HP.
Au toal en 2014, près de 10.000 jeunes issus du monde haredi ont suivi un cursus d'études supérieures dans des filières technologiques, nombre qui ne s'élevait qu'à 400 en 2006.
Dernièrement en mars 2016, le premier incubateur hi-Tech orthodoxe d’Israël, structure d'accompagnement de projets de création d'entreprises, s’est établi à Bnei Brak. Plusieurs sociétés de conception de site Internet existent déjà dans la ville. Et la municipalité entend bien développer ce domaine d’activité.
De son côté, l’organisation à but non lucratif Kama-Tech, fondée en 2013 par l’investisseur orthodoxe Moshe Friedman, travaille à intégrer des haredim dans le high-tech. Ce mois-ci, grâce à son « Club des 12 Anges », les 12 plus grands et importants investisseurs de la haute technologie israélienne se sont pour la première fois engagés à subventionner de jeunes entreprises orthodoxes à fort potentiel de croissance en phase initiale. Kama-Tech a déjà récolté environ 300.000 dollars auprès des divers partenaires. Les projets retenus sont intégrés dans l’accélérateur de startups, un programme offrant des services à haute valeur ajoutée, apportant des moyens industriels et financiers permettant à ces structures de croître plus vite et de réaliser leur ambition d’excellence à l’international.
Lors de la précédente session, 8 startups sur 224 inscrites sont entrées dans l’accélérateur. Initialement sans argent et sans employés, elles ont, grâce à lui, réussi dans un court laps de temps à rassembler 6,5 millions de dollars et 70 employés. Dans la présente session, sur les 450 startups enregistrées, 8 ont été sélectionnées par le comité d’investisseurs et de PDG du « Club des 12 Anges ».
Le programme fonctionne sur un modèle novateur dans lequel toutes les entreprises y participant reçoivent durant 4 mois le soutien et l'accompagnement d'une société de haute technologie qui les guider vers la réussite.
Cet accélérateur technologique dont font partie des personnalités comme Dov Moran - inventeur de la clé USB ; Chemi Peres - fils de Shimon Peres, fondateur du fonds de capital-risque Pitango ; Rami Kalish, PDG de Facebook Israël entre autres, est devenu très populaire non seulement auprès de la communauté haredit cherchant à créer des startups mais également parmi les hommes d’affaires qui investissent dans ces types de sociétés.
Par ailleurs, l’organisation met en place un certain nombre de programmes de formation et de placement d’orthodoxes dans la haute technologie, en collaboration avec de grandes entreprises telles Cisco, Google, Microsoft et d'autres. Des milliers d'hommes et de femmes haredim y participent.
Enfin la semaine dernière, environ deux cents entrepreneurs se sont réunis au Start-up Stadium lors d’une journée consacrée à la création et à l'innovation. Parmi les participants : Hedva Kleinhendler, une entrepreneuse orthodoxe de Bnei Brak, fondatrice d’une société aidant les femmes harediot qui travaillent à utiliser des technologies de pointe. Le public l'a accueilli avec beaucoup d'enthousiasme et d'encouragement.
Noémie Grynberg, 2016