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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

La guerre des frais bancaires – à quand la gratuité ?

En Israël, les frais bancaires représentent des milliards de shekels de bénéfices pour les établissements financiers. Chaque banque fixe ses propres prix pour les services courants tels qu’encaissement et retrait d’argent liquide ou de chèques, transfert ou encaissement sur un autre compte, etc. Jusqu’en 2008, la disparité des formules ne permettait pas aux consommateurs de s’y retrouver dans la jungle tarifaire ni de comparer les taux d’intérêts des découverts, des prêts immobiliers ou à la consommation par rapport à ceux des comptes rémunérés. Mais début 2011, la réforme, bien qu’encore insuffisante, semble enfin porter quelques fruits.

Depuis des années, le Conseil Israélien de la Consommation tente de faire adopter par la Knesset, une loi annulant purement et simplement les frais bancaires. Il souhaite, par le biais de la commission économique du parlement, proposer la levée totale des agios pour les services de base des comptes courants. Hélas, la résistance est dure. Déjà en 2010, la proposition de loi n’a pas réussi à passer à la Knesset.

hapoalim.jpgPourtant, la réforme de 2008 a tout de même permis la simplification des tarifs, une meilleure transparence sur les commissions, des forfaits adaptés aux consommateurs, etc. Conséquences : trois ans après, les frais bancaires sont effectivement en baisse. En janvier dernier, les banques israéliennes ont réformé leur tarification. Au total, selon les estimations de la Banque Centrale d’Israël, les charges des droits ont diminué en moyenne de 16% depuis 3 ans. Les chiffres des cinq plus grandes banques d’Israël montrent que depuis la réforme, la Banque Hapoalim est la moins chère et se situe à une moyenne de commission de 14,46 ₪/mois, soit une réduction de 27,1% de ses frais bancaires. La Banque Leumi est en deuxième position avec 14,6 shekels, soit une réduction de 17,5% depuis la réforme. Par contre, la Banque Benleumi reste la plus chère : 21,99 ₪ par mois, soit 39% de plus que les frais de la Banque Hapoalim. Mais de tous les établissements, la Banque Yahav, dont la plupart des clients sont fonctionnaires et jouissent de conditions préférentielles, reste la moins ruineuse avec un tarif mensuel moyen de 2,9 ₪. Entre les deux extrémités, les banques Massad et Otsar Hahyal comptent respectivement 11,6 et 12,98 ₪ de frais mensuels.
Quant aux frais de gestion d’un compte en actions, ils oscillent par trimestre, entre 0,15 et 0,2% de la valeur du portefeuille et ceux d’un compte épargne, entre 0,6 et 0,8% par an sur les économies placées.
Même le cout des cartes de crédit s’est vu réduit de 10% à plus de 20% depuis la réforme, passant en moyenne aujourd’hui à 6,8 ₪ /mois. Ici aussi les sociétés de cartes de crédit ont accordé des rabais allant jusqu’à 51% par rapport à leur tarif affiché. Il est désormais possible de vérifier et de comparer entre les différents établissements lequel octroie les conditions les plus avantageuses. Toujours selon les données de la Banque Centrale d’Israël, Isracard, qui concentre 38% de tous les détenteurs de cartes de crédit, serait la moins onéreuse en coût moyen mensuel avec 3,96 ₪. En revanche, CAL, qui compte environ 29% des détenteurs de carte de crédit, serait la plus chère avec une moyenne mensuelle de 10,20 shekels. Entre les deux se trouve la Leumi Card dont la moyenne mensuelle tourne autour de 7,09 shekels. Par conséquent, le client a intérêt à examiner les conditions que lui offre sa caisse de crédit par rapport aux concurrents et à se renseigner pour savoir lesquels proposent de meilleures modalités.

2011 : des banques moins chères ?
Suite à la sensibilisation accrue des clients, le comportement concurrentiel des banques s’est légèrement amélioré. Elles ont du reste lancé différentes opérations marketing pour attirer de nouveaux clients ou pour garder les anciens. Certaines proposent une exonération totale ou partielle des frais et des services avantageux sont offerts à certaines catégories ciblées comme les soldats, les étudiants, etc.
Le premier établissement à avoir proposé d’annuler ses frais est la banque Egoud. Mais ce bonus ne concerne que ceux pouvant justifier d’un salaire minimum de 7000 shekels par mois.

Autre nouveauté, la gratuité du transfert d’une banque à une autre. Aujourd’hui, grâce à la Banque d'Israël qui facilite aux clients le changement d’établissement, l’opération n’est plus sanctionnée financièrement par la société détentrice du compte. Chaque client a le droit de fermer un compte pour le rouvrir ailleurs, sans pénalité. leumi.jpg

Conséquence des mesures officielles : la réduction moyenne des commissions bancaires atteindrait 46%. Mais les clients ne se montrent pas convaincus. D’ailleurs, le 8 août dernier, les leaders de la contestation sociale ont lancé un mot d’ordre à tous les Israéliens, de retirer le même jour un maximum de liquidité de leur compte courant afin de faire pression sur les banques.
En effet, « la réforme n'a rien changé » explique un haut responsable économique impliqué dans ses discussions. « Dès le départ, elle s’appliquait seulement à certains frais bancaires. Les banques ont rapidement trouvé des moyens de les compenser en augmentant, par exemple, les taux d'intérêt. » De plus, selon un spécialiste, la politique menée par la Banque d'Israël protègerait les établissements bancaires de la concurrence. Pour l’heure, en attendant l’ouverture d’une réelle compétition et la fin des trusts financiers israéliens, les banques étrangères en ligne pourraient apporter une issue au monopole des banques locales.

Somme toute, il faut espérer que les protestations sociales de cet été puissent déboucher sur une législation qui permette enfin une réelle concurrence dans le secteur financier, vraiment bénéfique cette fois aux consommateurs.
En tout cas, le ras-le-bol du néo-libéralisme outrancier semble mondial. Les citoyens de la planète comprennent aujourd’hui que le système capitaliste a atteint son point maximal et qu’il est peut-être temps de revenir à une société plus altruiste.


Noémie Grynberg 2011

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