Du 3 au 6 juillet dernier s’est tenu en Israël le 2e Forum franco-israélien des villes jumelées. Cette rencontre entre les maires des deux pays était placée sous le signe de l’amitié et de la coopération.
Suite au premier forum qui s’est tenu l’an dernier à Paris, réunissant une trentaine de maires israéliens avec leurs homologues français, la rencontre s’est réitérée cette année en Israël cette fois. Une cinquantaines de maires français ont fait le déplacement en Israël pour rencontrer leurs homologues israéliens. L’objectif est de relancer et d’intensifier la coopération entre les villes de deux pays en vue d’un rapprochement. Les collectivités locales espèrent ainsi renforcer leur lien bilatéral.Si au niveau politique, les deux pays connaissent des frictions certaines, il semble qu’à l’échelon municipal les intentions de réconciliation soient beaucoup plus concrètes. Il y a un réel intérêt commun d’échanges entre les villes.Cette coopération entre élus locaux veut se situer avant tout sur le terrain concret de l’action.
Chaque maire est à l’écoute de l’autre afin de mieux faire connaître son propre pays et de comprendre celui d’en face. De cette initiative naît la dynamique et l’espoir de la construction d’un avenir commun.Pour le député Youri Stern, président du groupe parlementaire d'Union nationale à la Knesset ou une session du forum s’est tenue : ‘’L’importance de la délégation française en Israël démontre l’inverse de la France antisémite et anti-israélienne’’. Quant à Avraham Poraz, Ministre israélien de l’Intérieur, intervenant lors de cette session, il déclare souhaiter faire des efforts pour encourager les relation avec la France. Ce Forum interpelle les hommes politiques de bonne volonté. Ainsi, plusieurs personnalités de haut niveau font partie du comité fondateur : le Maire de Paris, des présidents de conseils régionaux, des sénateurs, députés européens, etc. Les objectifs de ce Forum sont clairs : coopération bilatérale dans les domaines économiques, scientifiques, culturels (construction de l’institut français de Tel-Aviv), artistiques, etc., promotion d’échanges et de rencontres entre élus locaux, multiplication des jumelages, renforcement des liens entre les deux peuples. Tous ces domaines sont autant de pistes de collaboration entre les deux pays au niveau municipal. Israël et la France reconnaissent mutuellement partager des valeurs communes fortes. D’après Eli Lévy, Président de la commission israélienne des relations internationales et des villes jumelées, ‘’Le rapprochement est possible par le bas, c’est-à-dire par l’économie, les arts, la jeunesse’’.
Ces échanges permettent également d’être un lieu de dialogue inter-religieux. L’accent a également beaucoup été mis sur la francophonie. Les élus français ont insisté sur la nécessité qu’Israël, à l’instar de ses voisins arabes, rentre enfin au sein de cette organisation. Les Français souhaitent que leur langue devienne celle du dialogue entre leur pays et Israël, et qu’à travers elle, se développe une culture française en Israël.
Concrètement, des avancées sont visibles. Ainsi, Netanya, Tel-Aviv et Eilat viennent de faire leur entrée au sein de l’Association Francophone Internationale de Coopération Décentralisée, l’AFICOD. Eilat a même été élue comme membre du bureau exécutif international de l’organisation. Il s'agit d’une première étape, en attendant l’admission logique d’Israël au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Cette décision légitimise Israël au sein de cette organisation puisque sa population francophone est estimée à 20 %. Parmi les jumelages déjà effectifs, voici quelques exemples : Haïfa/Marseille, Netanya/Nice, Tel-Aviv/Toulouse, Tibériade/Montpellier.
Deux types d’initiatives découlant de ces rencontres sont à noter. Une table ronde des journalistes français a été organisée sur la situation en Israël d’une part, le forum des intellectuels français qui permet de nourrir le débat d’idée d’autre part. Monsieur Joël Mergui, Président du Conseil des communautés juives des Hauts-de-Seine, Vice Président du Consistoire de France et Président du Forum Franco-Israélien est l’initiateur de ce dernier. ‘’Dans l’année à venir, j’espère que 5 à 10 nouvelles villes s’engagent au jumelage’’ indique Monsieur Mergui.
© Noémie Grynberg 2004
Interview de Monsieur Jean-Luc Moudenc, nouveau Maire de Toulouse, élu le 6 mai 2004.
N.G. : Depuis quand Toulouse est-elle jumelée avec Tel-Aviv ?
J-L. M.: Depuis 1962. Les deux villes ont plusieurs points communs : elles ont toutes les deux une population avoisinant les 400.000 habitants, se sont des villes d’étudiants avec chacune de grandes universités, se sont des villes du sud et enfin, elles sont des centres économiques tournées vers la haute technologie.
N.G. : Qu’attendez-vous de ce jumelage ?
J-L. M.: Qu’il permette à la communauté juive de Toulouse (30.000 personnes) de tenir un rôle important. Ensuite, qu’il favorise les échanges culturels et scientifiques, notamment dans le domaine de la biotechnologie. Toulouse est le second pôle de recherche en France. Le jumelage permet d’échanger les expériences dans ce domaine.
N.G. : Concrètement, qu’est-ce qui est déjà mis en place ?
J-L. M.: Des échanges d’informations, une coopération d’entreprises sur le plan privé qui a abouti à des investissements en Israël.
N.G. : Comment voyez-vous l’évolution des relations entre Toulouse et Tel-Aviv ?
J-L. M.: Que la lune de miel continue. C’est le jumelage le plus vivant.
N.G. : Et plus généralement entre la France et Israël ?
J-L. M.: Je souhaite d’abord la désintoxication médiatique. J’aimerais que les relations entre nos deux pays soient plus chaleureuses. La politique française est très déséquilibrée. Mais elle est plus concrète, moins politisée au niveau local. Ceci permet de mieux voir la réalité israélienne. Dommage qu’il n’y ait pas de traduction sur le plan diplomatique de la bonne entente qu’Israël et la France entretiennent au niveau municipal.
© Noémie Grynberg 2004