La « nation start-up » est à la source de 15% de la haute technologie et de l’Internet mondial. Pour cela, l’Etat hébreu encourage l’immigration ou le retour au pays des scientifiques qualifiés en R&D et collabore au programme européen du Marie Curie International Reintegration Grants. La majorité des chercheurs (re)venant en Israel rejoint ainsi le secteur industrie et high-tech grâce au Centre d’Intégration en sciences (CIS).
L’organisme gouvernemental chargé d’insérer les scientifiques en Israel a été créé en 1968 par le Bureau du Premier ministre, en vue de l’immigration des Juifs d’URSS lors de l’opération « Laisse partir mon peuple ». En 1973, le programme est passé sous la responsabilité du Ministère de l'Immigration et de l’Intégration et du Ministère des Sciences. Les objectifs du Centre d’Intégration en sciences (CIS) visent à « assurer, dans la mesure du possible, que le potentiel scientifique incarné dans l'immigration soit canalisé de manière appropriée, facilitant une bonne intégration personnelle, afin d'augmenter les capacités de recherche scientifique et technologique israéliennes ». Ainsi, le Ministère de l'Immigration et de l’Intégration prend en charge les ingénieurs et savants en leur offrant des opportunités particulièrement alléchantes et en les guidant pour trouver un emploi en Recherche & Développement (R&D) en Israël. Ce qui les aide à accéder sur le plan professionnel aux institutions universitaires les plus reconnues du pays. De plus, le CIS permet à ces érudits de participer avec d'autres organismes officiels, à la définition d'une politique de développement du personnel scientifique en Israël.
Depuis 25 ans et la grande vague d’arrivées provenant de l’ancien bloc de l’Est, plus de 17.000 scientifiques immigrants et résidents de retour en Israel se sont inscrits au CIS – environ 15.000 olim et 2.000 expatriés revenant au pays. Selon Omri Ingber, Directeur du Centre d’Intégration en Sciences, entre 1990 et 2003, les principaux champs investis par ces hauts diplômés, essentiellement Russes, ont été ceux de la technologie, de la physique et surtout des mathématiques. Grâce à cet apport capital, le domaine du hi-Tech et de la programmation a explosé. Sans cette éminente nouvelle matière grise, Israel ne serait pas à son niveau actuel de performance. Dans une moindre mesure mais néanmoins importante, la médecine blanc-bleu n’aurait pas non plus pu se développer dans les proportions présentes.
Aujourd’hui, la tendant a évolué : la technologie et les sciences exactes attirent un tiers des chercheurs, à égalité avec les sciences de la vie/médecine et les sciences sociales et humaines. Vu l’importance du potentiel de ces experts, le Centre d’Intégration des scientifiques soutient des milliers d’entre eux tout au long de la construction de leur carrière académique/professionnelle dans ces 3 secteurs principaux.
Actuellement, à peu près 300 demandes par an arrivent au CIS, principalement d’Ukraine et de Russie. Omri Ingber reconnait que parmi elles figurent peu de Français, même si depuis deux ou trois ans, il note un réveil de ce côté. Son explication ? Il semble difficile au personnel en place au CNRS ou à l’Université de quitter un poste et une situation confortable pour venir en Israel. Pourtant, au cours des 25 dernières années, environ 70% des scientifiques pris en charge par le CIS ont trouvé un emploi. Pour cela, ces nouveaux immigrants / résidents de retour en Israel, au moins titulaires d’une maîtrise et ayant travaillé dans le domaine de la R&D, bénéficient d’un accompagnement professionnel et individuel d’entrer sur le marché après avoir suivi une formation et reçu une aide pour trouver un poste conforme à leurs compétences. Les conseils spécialisés comprennent un service de préparation aux entretiens d’embauche ainsi qu’une assistance pour rédiger un CV adapté au débouché local. L’orientation peut commencer avant l’arrivée en Israël et continue jusqu’à l’intégration professionnelle du scientifique.
Le Centre d’Intégration en Sciences appelle donc les jeunes chercheurs brillants, éligibles à la loi du retour, à s’épanouir aux côtés de prix Nobel dans les facultés les plus réputées du pays et à contribuer à l’essor de la Recherche et Développent en Israël. En accord avec la politique gouvernementale, les aides spécifiques données aux scientifiques et ingénieurs dans ce domaine ont récemment été mises à jour, ajoutant ainsi un nouveau programme de bourses destiné aux doctorants pour encourager le retour des jeunes. A cet égard, chaque année, une centaine sont proposées pour des recherches académiques : 60 sont attribuées aux étudiants admis dans les universités israéliennes en tant que doctorants, pour une durée de 3 ans afin de couvrir les frais d’études et de subsistance, 40 sont accordées aux post-doctorants pour une période de deux ans. L’âge limite du candidat est fixé à 37 ans.
Comme chercheur ou conférencier recevant déjà un salaire de l’Université, la bourse n’est valable qu’un an avec une possibilité d’étalement sur deux. Enfin, jusqu'a l’âge de 32 ans, un scientifique détenteur d’un diplôme de second cycle sans expérience dans la Recherche et Développement, intégré à un poste dans le secteur des affaires, aura droit à une année d’aide dans le domaine de l’industrie.
Grâce à l’Institut Weizman, au Tehnion ou à l’Université Hébraïque de Jérusalem qui se hissent parmi les plus grandes académies de sciences, Israel rivalise au plus haut niveau avec ses homologues européens. Néanmoins, d’après les chiffres de 2011, 5.000 chercheurs et conférenciers Israéliens vivent et travaillent à l’étranger, dont 70% aux Etats-Unis.
Pour attirer davantage ces hauts diplômés qui dopent l’innovation technologique, médicale et scientifique, le gouvernement israélien a octroyé au programme d’intégration professionnelle de ces académiques à forte valeur ajoutée, un budget de plus d’un milliard de shekels, dont une aide financière à l’embauche pour l’employeur.
Noémie Grynberg / Israel Magazine 2015