Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Rosh Ha-ayin, aux sources du Yarkon

Source de la rivière du Yarkon dans la région du Sharon, Rosh Ha-ayin, ville biblique signifiant « la tête de la source » en hébreu, recèle des vestiges cananéens datant de l’âgerosh-haayin.jpg de Bronze. Aujourd’hui, elle fait partie de la grande périphérie de la région centre d’Israël.

Déjà à l’âge de bronze, Rosh Ha-ayin constituait une route principale sur la Via Maris, occupant une position stratégique à la jonction des routes du littoral et de celle menant de l’Egypte à la Mésopotamie. La région commandait également l’entrée nord des Monts de Judée.
Ville cananéenne, Rosh Ha-ayin (Aphek) est citée dans les Livres des Prophètes Josué et Samuel ainsi que dans des textes égyptiens datant du 18ème siècles avant J.-C. relatant sa conquête par le pharaon Thutmosis III et sa prise par Amenhotep II lors de sa seconde campagne militaire dans la région. Aphek devint une forteresse servant de base importante aux Philistins dans leur campagne contre les Israélites. Le joug de l'oppression des Philistins devenant de plus en plus lourd et se répandant, les Israélites avec à leur tête David, se levèrent soudainement, se révoltèrent contre celui-ci et luttèrent contre la vaste armée des Philistins dans un combat féroce et désastreux. Les Israélites furent défaits, laissant 4.000 morts sur le champ de bataille. Pour tenter de remédier à ce grand malheur, les chefs du peuple, sans consulter le prophète Samuel, s’emparèrent de l'Arche d’Alliance, symbole de la présence divine parmi eux. Mais avant même la bataille finale contre le roi Saül, les vainqueurs philistins dérobèrent à leur tour l’Arche d’Alliance. Ainsi, pendant vingt ans, toute la région plia sous l'oppression des Philistins. En 671 avant J.-C., en route pour conquérir l’Egypte, le roi d’Assyrie prit au passage Aphek.

forteresse-rosh-haayin.jpgA la période hellénistique, à la fin du 1er siècle avant J.-C., Antipatris, nom grec de Rosh Ha-ayin, fut construite par le roi Hérode dans la vallée de Kefar Sava, en souvenir de son père. A l’époque romaine, la ville constituait encore un croisement important entre les routes menant à Jérusalem, Césarée et Jaffa. Elle servait également de camp militaire et d’escale pour les voyageurs. Rosh Ha-ayin commandait la frontière nord fortifiée du territoire de Judée. Du temps de Rabbi Johanan Ben Zakkai, la vie juive y était intense. Durant la guerre contre Rome, l’empereur Vespasien laissa Antipatris intacte. Au 4e siècle, la ville déclina en importance et fut presque abandonnée. A l’époque arabe des Umayyad et des Abbasid, Antipatris devint une des villes les plus importantes ayant gardé sa loyauté envers les Umayyad.
Au Moyen-Age, les Croisés y érigèrent un château couronné de tours, restauré ensuite par les Mameluks. Les ruines de cette forteresse turque du 17ème siècle sont encore visibles de nos jours.

L’époque moderne
Aujourd’hui, Rosh Ha-ayin, ville de la plaine côtière, se situe à l’est de Petah Tikvah. Ses nombreuses sources d’eau alimentent la rivière du Yarkon.
Durant le creusement des installations d’eau en 1961, des vestiges romains et grecs ont été découverts ainsi qu’un mausolée romain. Les sources, importantes sur le plan du développement national, et les installations de pompage adjacentes qui procuraient l’eau à Jérusalem lors du Mandat britannique, furent détournées par les forces israéliennes en juillet 1948 alors que les Arabes les avaient coupées lors du siège de la capitale pour priver d’eau la population juive locale. Un grand camp militaire britannique érigé pendant la Seconde Guerre Mondiale fut converti en 1950 en camp de transit pour les nouveaux immigrants venus principalement du Yémen pendant la période d’immigration massive qui suivit l’Indépendance. En 1951, Rosh Ha-ayin fut transformée en yshuv (implantation permanente). En 1955, la ville reçut le statut de municipalité. Elle est la plus grande agglomération juive israélienne dont les habitants sont originaires d’un même pays.

Entre  1950 et  1970 la population doubla naturellement passant de 5.880 personnes à 11.600. A cette même époque, la majorité des soutiens de famille furent employés hors de la ville, principalement dans les entreprises industrielles de Petah Tikvah et de la ceinture de Tel Aviv. Depuis, la ville s’est développée économiquement et compte un parc industriel. Aujourd’hui, la population de Rosh Ha-ayin s’élève approximativement à 17.800 habitants. La ville est jumelée à celle de Birmingham en Angleterre et entretient avec elle des rapports privilégiés depuis plus de 25 ans.

 

Israel Magazine / Noémie Grynberg 2005

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