Depuis l’établissement de l’Etat hébreu, la Suisse se trouve parmi les premiers des pays importateurs en Israël. De son côté, Israël représente un des principaux débouchés commerciaux de la Confédération Helvétique au Proche-Orient. Construits dans l’Histoire, les liens entre les deux pays se révèlent stables, bien enracinés et basés sur le long terme. Des accords bilatéraux règlent depuis longtemps les relations entre l’Etat hébreu et la Suisse dans de nombreux domaines comme les services aériens (1952) ou le commerce (1956). En 1992, les partenaires ont signé un agrément de libre échange. Dernièrement, les affaires entre les deux régions connaissent un nouvel essor.
Alors que l’économie israélienne reflète un potentiel de croissance très fort attirant les investisseurs étrangers, la Suisse semble de plus en plus présente en Israël, notamment à travers les produits de luxe, l’horlogerie et la finance.
Bien que différents, la Confédération Helvétique et l’Etat hébreu possèdent certains points communs. Disposant d'une main d'œuvre très qualifiée et ayant des connaissances technologiques avancées, les deux pays centrent leurs activités sur les secteurs secondaire et tertiaire. Leurs industries se focalisent surtout sur les produits finis de pointe nécessitant une fabrication délicate très recherchée sur les marchés mondiaux. Ainsi, la Suisse et Israël affichent des points forts dans les mêmes domaines (innovation, services, hi-Tech, nanotechnologie, énergies propres, industrie pharmaceutique, équipements médicaux). Ensuite, les deux économies rencontrent des problèmes similaires : toutes deux disposent d’un marché intérieur limité et cherchent de plus larges débouchés dans les pays en développement tels la Chine, le Brésil, etc.
Pour la Confédération, la politique n’influence pas les liens commerciaux avec l’Etat hébreu. D’ailleurs, selon l’Attaché commercial de l’Ambassade de Suisse en Israël, Yildirim Kirgöz, le boycott des produits israéliens dans son pays paraît un phénomène marginal, moins important en tout cas que dans d’autres Etats européens comme la France ou la Suède.
Quant au tourisme suisse, depuis 2010, il est promu auprès des Israéliens qui s’y intéressent. Parallèlement, de plus en plus de voyageurs Helvètes visitent Israël (+18% au cours du 1/3 de 2011 par rapport à la même période de l’année précédente) car la Terre Sainte présente pour eux à la fois une destination exotique et un pays moderne.
Les échanges commerciaux
Israël est traditionnellement le troisième plus gros client des exportations suisses au Moyen- Orient. La percée commerciale de la Confédération sur le marché israélien a pris en l'espace d'une décennie un essor incontestable. Leurs transactions commerciales sont florissantes.
En 2010, le volume des échanges bilatéraux (export + import) s’est monté à 1,337 milliard de francs suisses. La même année, Israël a importé pour 2175,5 millions de dollars de produits en provenance de la Confédération, ce qui la place en 5e position, devant le Japon, la France ou la Grande-Bretagne. Quant aux exportations israéliennes vers la Suisse (hors diamants), elles se montent à 150 millions de dollars.
La coopération économique helvétique avec l’Etat hébreu se base surtout sur les secteurs pharmaceutique, mécanique et alimentaire. Les produits chimiques représentent le plus gros volume des exportations suisses en Israël, viennent ensuite les machines et l’électronique (les Israéliens sont les plus grands consommateurs de machinerie suisse), les instruments, l’horlogerie et la bijouterie, puis l’agriculture et la sylviculture. Ce qui favorise la Confédération aux yeux des Israéliens repose sur la compréhension de leurs besoins.
De son côté, la Confédération importe aussi pour plusieurs dizaines de millions de francs suisses de produits agricoles en provenance de l’État hébreu, essentiellement de fruits et légumes revendus à la plupart des grands distributeurs helvétiques.
Et selon les prévisions de Yildirim Kirgöz, dans l’avenir, les échanges bilatéraux devraient maintenir leur bon niveau.
Les investissements mutuels
Israël est un des seuls pays à pouvoir constamment attirer les investissements suisses en dehors des pays européens et des Etats-Unis. De manière générale, les sociétés helvétiques trouvent attractives les synergies résultant de partenariat ou d’acquisition de compagnies israéliennes.
Les participations suisses directes dans l’industrie israélienne vont principalement vers la fabrication et la construction, l’électronique, l’énergie, l’optique, la finance et le holding. Les investissements les plus rentables se font prioritairement dans les secteurs des sciences de la vie, des technologies hydrauliques, des télécommunications, de la sécurité, des semi-conducteurs, de la chimie et des agro-technologies. Depuis début 2010, le domaine israélien des technologies propres, des infrastructures de transports, de l’eau et des énergies, présente également des opportunités pour les compagnies helvètes.
Inversement, les placements directs israéliens en Suisse se concentrent dans les banques et les services. En effet, la solide structure du capital des entreprises helvètes, petites ou grandes, offre des opportunités financières rentables.
Par ailleurs, les investisseurs suisses cherchent des possibilités de diversification de leur portefeuille en suivant de plus près les développements du marché israélien des capitaux risques. Certains fonds israéliens de capitaux risques se tournent également vers la Confédération dans le secteur de l’immobilier et des nouvelles technologies.
Enfin, il existe entre les deux pays une coopération scientifique par le biais notamment du réseau européen EUREKA : en tout, 9 projets communs pour un montant de 26,4 millions d’euros.
Le secteur bancaire
Les banques suisses visent de plus en plus le marché israélien et veulent profiter de son économie en plein essor. Effectivement, la bonne croissance israélienne a créé une classe riche tournée vers une gestion internationale de son patrimoine. Les banques helvétiques de gestion ont donc trouvé en Israël un intérêt certain tant en ce qui concerne la clientèle privée que la clientèle institutionnelle.
Cet intérêt est symptomatique de l'importance grandissante de Tel-Aviv sur le marché financier mondial. Les principaux grands établissements bancaires helvétiques, longtemps absents en Israël, y ont maintenant pignon sur rue et possèdent désormais des bureaux à travers le pays comme le Crédit Suisse Financial Services Ltd à Tel-Aviv ou UBS Wealth Management Ltd à Herzlia, qui serait en train d’implanter ses activités de banque privée, d’investissement et de gestion de fortune depuis juillet 2011. D’ailleurs, ces deux sociétés financières figurent en tête des banques helvétiques qui spéculent dans le Grand Tel-Aviv, et dont les capitaux se chiffrent en dizaines, voire centaines de millions de dollars.
De plus, en juin 2011, le groupe suisse Pictet est entré sur le marché israélien afin d’y proposer ses fonds communs de placement auprès d’investisseurs institutionnels.
Pour l’État hébreu, l’avantage des établissements bancaires helvétiques réside aussi dans leurs liens avec les principales places financières mondiales qui facilitent la levée de capitaux, les frais de délocalisation, ainsi que le mouvement ascendant des exportations israéliennes.
En outre, avec la crise que traverse actuellement l’euro, le franc suisse jouit d’un prestige grandissant à la Bourse de Tel-Aviv.
Noémie Grynberg 2011