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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

De plus en plus d’Israéliennes choisissent de congeler leurs ovules

Congelation Israel, pays où les enfants et la famille demeurent une valeur suprême, applique depuis longtemps une politique nataliste. Pays leader mondial en FIV, ses lois libérales encouragent largement la démographie nationale. Dernière en date, la possibilité pour les femmes de congeler leurs ovocytes pour raison non médicale afin de préserver leur fécondité pour plus tard. Un phénomène qui prend de l’ampleur avec les années.

Pourquoi des femmes jeunes, en bonne santé, envisagent-elles de faire congeler leurs ovules ? Majoritairement parce qu`à 30 ans elles n’ont pas encore trouvé l’âme sœur pour fonder une famille mais ne désespèrent pas de la rencontrer un jour, ou, dans une moindre mesure, parce que trop prises par leur vie professionnelle, elles n’envisagent pas de la sacrifier sur l’autel de la maternité immédiate. Ce phénomène touche principalement les femmes diplômées (80%). La congélation des ovules s’avère donc pour elles une solution au problème croissant des célibataires instruites en défaut de prétendants.
Ainsi, les progrès de la médecine permettent aux femmes au début de la trentaine d’envisager la possibilité de ne pas trouver l'amour mais de pouvoir fonder une famille de manière quasi naturelle.
La prise de conscience des difficultés à tomber enceinte avec l'âge et la possibilité de congeler ses ovules a créé de la sorte un nouveau comportement parmi les Israéliennes.
En effet, de plus en plus de trentenaires ont subi le processus ou envisagent sérieusement de geler leurs cellules reproductrices pour préserver leur fertilité - une méthode censée augmenter leur capacité à tomber enceinte même à un âge où la nature accumule les difficultés et le taux de réussite s'effondre. Selon les chiffres d'Ayala - l'Association israélienne de la fertilité - au cours des sept dernières années, depuis que la mise en œuvre du procédé a été approuvée, il y a eu une augmentation spectaculaire du nombre de femmes qui choisissent de préserver leur fécondité de cette manière. Si en 2011, moins de 100 femmes ont subi la procédure, en 2014, elle en comptait déjà environ 300, 450 en 2015 et en 2016, près de 1 600 actes d'extraction d'ovules pour raisons non médicales ont été pratiqués. En 2017 et 2018, la tendance se poursuit.

Le processus de « préservation de la fertilité »
Pour les femmes, le processus de cryoconservation d’ovocytes vise à préserver leur possibilité d’avoir des enfants au-delà de 30 ans (en utilisant la fécondation in vitro - FIV). Les ovules sont prélevés du corps de la patiente et congelés.
Jusqu'en 2011, la loi israélienne ne l’autorisait que pour des raisons médicales, dues à divers syndromes chromosomiques ou autres, maladies auto-immunes, cancer entrainant une altération de la fertilité par chimiothérapie et radiothérapie.
Ce procédé de maintien de la fécondité pour raisons médicales s’appliquait également dans les cas de femmes peu fertiles avec la création d'un stock d'ovules ; d’endométriose sévère (inflammation sévère des organes pelviens) ; d’abcès des organes sexuels internes ; de risque élevé de ménopause précoce (arrêt du cycle menstruel) ; d’ablation prophylactique ou non des ovaires (porteurs BRCA, un des gènes impliqués dans le développement du cancer du sein). Dans de telles situations, la procédure et les médicaments sont financés par les caisses maladie (kupot holim).
Depuis 2011, la loi autorise le gel des ovules pour raisons non médicales, aux femmes de 30 à 41 ans qui peuvent subir jusqu'à 4 prélèvements et obtenir jusqu'à 20 oocytes. Elles pourront utiliser des ovocytes congelés jusqu'à l'âge de 54 ans. Dans ce cas, il n’y a pas de prise en charge des frais de traitement. Le financement reste aux dépens de la patiente. Cette option reste très chère : entre 16 000 et 20 000 shekels, sans compter le coût des médicaments, qui peut atteindre 8 000 à 10 000 shekels.
Le cycle de stimulation ovarienne dure entre une et trois semaines, le processus d'extraction étant précédé d'une période de prise de médicaments hormonaux, accompagnée de sonogrammes, afin de produire autant d'ovules que possible.
Ensuite, la patiente arrive pour le prélèvement des oocytes. Ceux-ci sont ponctionnés dans un bloc opératoire adjacent au laboratoire de FIV. L’intervention a lieu sous anesthésie locale ou générale.
Ces actes médicaux se pratiquent uniquement dans les unités de fécondation in vitro qui ont reçu l'approbation du ministère de la Santé. Ovule
Cependant, la procédure n’est pas sans risques ni complications. Une hyperstimulation ovarienne peut survenir, jusqu'à 3-4 semaines après la récupération des oocytes. Cet inconfort est traité par le repos et une abondante absorption de liquides. L'hyperstimulation, modérée ou sévère, est plus rare et nécessite parfois une hospitalisation.
Les ovules prélevés sont conservés pendant une période pouvant aller jusqu'à 5 ans, avec la possibilité de la prolonger (il est de la responsabilité de la patiente d'informer l'unité de FIV de son souhait d’allonger la période de stockage).
Néanmoins, le taux de succès (c'est-à-dire le pourcentage de grossesses après décongélation des oocytes) reste encore inférieur à celui de la fécondation in vitro avec des ovules "frais" ou congelés fécondés. Il est important de noter que même si le processus de cryoconservation est effectué avec succès, cela ne garantit pas nécessairement une grossesse.
Sans compter que l’âge de la patiente demeure vraiment décisif dans la proportion de réussite. Au début de la trentaine, les chances de grossesse par FIV se situent autour de 32%, alors qu'au début de la quarantaine, les pronostics tombent à 3%-5%. Selon la plupart des médecins, le « tournant » spectaculaire de la baisse de la fécondité commence vers 35 ans.
De plus, la capacité de survie des ovules congelés n'est pas connue. Une congélation prolongée (trois ans) pourrait nuire à la leur qualité.
Quoi qu’il en soit, depuis le début du processus il y a environ six ans, plusieurs enfants sont déjà nés de cette méthode en Israel.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2018

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