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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Béer Sheva, future cyber capitale mondiale

Autrefois agglomération désolée et financièrement peu solvable, Béer Sheva s’est muée peu à peu en centre de la modernité, de la culture, du milieu universitaire et du high-tech. Ce punch technologique s’accompagne également d’un essor économique sans précédent. Aujourd’hui, la ville du désert à 105 km au sud de Tel-Aviv lance un défi au futur.

David Ben-Gourion avait raison : « l'avenir d'Israël réside dans le Néguev. » De nos jours, il serait impressionné ; son rêve se réalise. En janvier 2015, les américains Brandeis International Business School et T3 Consulting Group ont classé Béer Sheva comme l’une des sept plus grandes villes en passe de devenir des centres de haute technologie et d'innovation importants.

Ainsi il y a un an et demi, beaucoup se montraient septiques quand le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis que Béer Sheva était destiné à évoluer en « cyber-centre de l'hémisphère occidental. » Depuis, la ville s’est muée en capitale mondial de l'innovation en Recherche et Développement pour l'industrie de la sécurité informatique et des réseaux. Le Parc technologique, une initiative conjointe du gouvernement, de l'Université Ben Gourion, de l'armée et de la municipalité de Béer Sheva, a pris forme. Les deux premiers bâtiments de 32.000 mètres carrés sont prêts. Le troisième est en cours de développement et 200.000 mètres carrés supplémentaires à construire. Le tout pour un investissement d'un milliard de shekels.
Cyber parkLe cyber-centre comprend déjà 15 multinationales dont Deutsche Telecom, Oracle, IBM et Lockheed Martin employant un millier de salariés, ainsi que des startups locales telles que Ness Technologies, RAD, Elbit Systems et EMC, ou l’incubateur JVP, société israélienne de capital-risque, qui y ont installé leur siège. En tout, dix mille personnes y seront employées d’ici 2025. D’autres entreprises internationales comprennent les avantages de venir là et semblent convaincues d'y ouvrir des succursales car la ville offre désormais davantage d’opportunités technologiques que d'autres régions d’Israël et peut-être même du monde.
Mais le plus grand pas de Béer Sheva vers sa transformation en vrai centre cyber-tech vient du prochain transfert de certaines unités de Tsahal hors du grand Tel Aviv. L'armée prévoit ainsi de déplacer dans le sud quelques 20.000 soldats d’ici 2021, d’y construire l'infrastructure technologique et de communication nécessaire ainsi que de grands centres de données. En effet, un accord a été signé entre le Ministère des Finances, celui de la Défense et l'Autorité des Terres d'Israël pour transférer les bases militaires de Glilot et Ramat Gan dans le centre du pays vers Béer Sheva, ce qui va lui donner une impulsion majeure. Les diverses unités d'intelligence militaires dont la C4i (corps de traitement à distance) sont appelées à devenir d’énormes clients en cyber-technologie, d’où l’intérêt pour les entreprises d’être présentes dans la région. De plus, ces nouvelles bases vont créer des collaborations inédites avec les centres académiques et de recherche de l'Université Ben Gourion. Les contrats signés entre les deux partenaires se montent à des dizaines de millions de shekels. De son côté, le Bureau National du Cyber, mis en place par le gouvernement, a ouvert de nouveaux programmes de formation spécialisés dans les domaines de l’informatique et de la robotique.

Une ville en plein boom
Jusqu’à présent les jeunes diplômés de l’université Ben-Gourion (BGU) en ingénierie et en informatique scientifique quittaient généralement Béer Sheva à la recherche d'une carrière dans le centre ou le nord du pays. Dorénavant, le transfert d’unités de Tsahal dans la région incite de nouvelles populations à y emménager.
New Beer Sheva « Il y a une augmentation de 20 % du nombre d'étudiants diplômés de BGU qui ont choisi de rester depuis que l'ATP [Advanced Technologies Park] a été créé » affirme Maya Hofman Levy, du groupe EMC / RSA, spécialisé en sécurité de l’information. Du coup, la capitale du Néguev, déjà connue pour avoir le plus de grands maîtres d'échecs par habitant de toutes les villes du monde - grâce aux immigrants de l'ancienne Union soviétique - aura bientôt également le plus grand nombre d'ingénieurs en cyber-technologie par tête.
Pour accueillir tous ces nouveaux venus, autour du Cyber Parc une ville entière se construit dont un nouveau campus pour abriter les préparations prémilitaires en intelligence.
Au niveau des infrastructures de communication, en plus de l’amélioration des lignes de train vers Tel-Aviv, l'autoroute Trans-Israël sera prolongée jusqu’à Béer Sheva.
Côté éducation, le ministère de la Défense veut tirer parti de la présence de Tsahal dans la ville pour améliorer et accroître les possibilités d’études technologiques pour les jeunes dans l'espoir qu’ils restent dans le sud une fois leur service terminé car ils auront un large éventail de possibilités d'emploi. Aussi, l’armée a-t-elle mis sur pied des programmes pour identifier dès la terminale, les filles douées en informatique afin qu’elles intègrent les unités militaires de renseignement. Le plan vise à augmenter le nombre actuel de candidates venant des villes du sud de 12 à 50. Pour sa part, le maire de Béer Sheva, Ruvik Danilovich, estime que l’installation des sociétés de haute technologie déclenchera une réaction en chaîne. « Cela va encourager les enfants à s’intéresser à la technologie tout au long de leurs études. Nous voulons que les gens nouvellement arrivés dans le high-tech restent ici. Le but est de transformer la ville en bassin d'emploi de qualité avec des salaires élevés et un système d'éducation solide ».
Ce boom hi-Tech déclenche une effervescence urbanistique, environnementale, éducationnelle et architecturale. La ville voit fleurir nombre de nouveaux projets : terrains de jeux, parcs, tours de bureaux, musées pour enfants. Elle se développe aussi culturellement en proposant davantage d’événements. Bref « Cyber-Sheva » ou « B7 » comme la surnomme certains, voit l’avenir en grand.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2015

 

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