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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Qu’est devenue l’ancienne Ninive ?

Ninive (ou Nineveh en hébreu, "Celle qui dépasse les grandes villes", comme appelée dans le Livre de Jonas lu à la Haftara de Kippour après-midi), était l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre, elle se situait sur la rive Est du fleuve, aujourd’hui à proximité de la ville moderne de Mossoul, en Irak.

Dans l’Antiquité, Ninive occupait une position stratégique sur la principale voie entre la mer Méditerranée et l'océan Indien, ce qui lui conférait de nombreuses richesses et fit d'elle l'une des plus éminentes cités de toute la région. En effet, sise dans une vallée fertile, proche des axes commerciaux majeurs, la ville était susceptible d’accueillir une population nombreuse. Il n’est donc guère étonnant qu’elle soit devenue l’une des plus significatives au monde durant le premier millénaire avant l’ère chrétienne. Mais en 612 av. J.-C., écrasée par la coalition de Babylone, des Mèdes et des Scythes, la métropole fut entièrement rasée et abandonnée. Il n’en reste presque rien sauf quelques vestiges indiquant l’emplacement des anciennes murailles et palais, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ainsi où fut jadis la grande Ninive se trouve de nos jours un simple village dont la mosquée recouvrait jusqu’en 2014 le tombeau du prophète Yona, détruit depuis par l’Etat Islamique (EI). Aussi, l'élégante sépulture n'est-elle plus désormais, elle aussi, qu'un débris avec ses piliers éventrés et tordus.

Ninive Le site archéologique
L’ex glorieuse cité demeura pendant longtemps une ruine de briques où seuls quelques pans de murs se dressaient encore çà et là. Au début du siècle dernier, ses vestiges ne constituaient que deux grands monticules, dont l’un long d'un kilomètre, large de six cents mètres et est haut de près de trente mètres. En fait, les fouilles stratigraphiques ont révélé plus de 22 mètres de décombres en profondeur.
Aujourd’hui, les restes de l’antique ville biblique s’étendent sur une surface de 750 ha, entourés de rempart sur une longueur de 12 km, dont le fragment constitue la plus ancienne attestation d'une fortification à Ninive. Les plus vieilles installations du lieu remontent au VIIe millénaire avant l’ère vulgaire. Il s’agit de deux temples et de deux palais assyriens : celui édifié par le roi Sennachérib (704-681 av. J.-C.) dont la salle du trône a été restaurée et celui de son petit-fils, Assurbanipal (668-630/627 av. J.-C.). Tous deux ont livré des bas-reliefs d’une très grande qualité technique ainsi que plusieurs milliers de tablettes cunéiformes, provenant pour l’essentiel de la « bibliothèque d’Assurbanipal ». Au sud de l’emplacement, un palais-arsenal somptueusement décoré permettait aux chevaux de guerre de s’entraîner et d’entreposer le tribut rapporté des campagnes.
Cependant, certains endroits du vaste espace archéologique sont maintenant recouverts par les nouvelles banlieues de Mossoul. En outre, en 2016, les terroristes de Daesh ont détruit l’imposante « Porte Mashki », l’une des six que comprenait la muraille d’enceinte et pillé le site de Ninive. Pourtant, l’année suivante, dans un labyrinthe de tunnels étroits et obscures creusé par les vandales de l’EI, des archéologues irakiens ont découvert à Mossoul de nouveaux trésors : des vestiges du palais de Sennachérib vieux de 2600 ans, dissimulés sous le sanctuaire du prophète Jonas, des poteries et des sculptures en marbre dont les statues de deux taureaux ailés datant de l'empire assyrien, des bas-reliefs avec des inscriptions cunéiformes ou encore représentant quatre personnages féminins.


Noémie Grynberg 2019

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