Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Migdalé Kedem : à la découverte du temps retrouvé

migdal-kedem-2.jpgLes murailles de Jérusalem ont de tout temps fait partie intégrante du paysage de la ville. Conçues pour protéger ses habitants de leurs ennemis, elles ont presque à chaque conquêtes étrangères été détruites puis reconstruites. A l’occasion de Hanoukka, la Vieille Ville ouvre au public les souterrains renfermant les vestiges des monumentales fortifications de la capitale, datant du Premier et du Second Temple. Un circuit passionnant retraçant l’histoire de ses enceintes.

L’ancienne tour de garde, construite par les rois de Judée et les Hasmonéens afin de protéger la ville des ennemis venus du nord, représente une découverte archéologique rare et l’un des monuments antiques les mieux préservés. Voici l’histoire de Migdalé Kedem.

Cherchant à protéger Jérusalem des invasions et connaissant ses points faibles, les dirigeants juifs de l’époque du Premier Temple utilisent la topographie naturelle de la ville pour la fortifier. En -701, Sennachérib, roi d’Assyrie, à la tête d’une importante armée, part mater la grande révolte qui agite plusieurs royaumes de la région. Il conquière ceux avoisinant Jérusalem, tue et exile leurs populations. Pour préparer le siège attendu, Ezéchias, roi de Judée, fortifie les murailles de la ville, surtout au nord, là où il n’y a pas de vallées profondes comme dans d’autres parties de Jérusalem. Les remparts sont construits adossés aux maisons. Une tour est élevée, apparemment dans l’angle d’un des portails de la cité. Ses vestiges architecturaux étonnamment préservés, appelées ‘’le deuxième mur’’, sont des plus impressionnants et uniques en leur genre : ils mesurent 8 mètres de haut et 4 mètres d’épaisseur, formés de grandes pierres des champs non rabotées sauf pour les angles. Grâce à ces murailles, l’armée de Sennachérib est vaincue.
115 ans plus tard, le 10 Tevet, Nabuchodonosor, roi de Babylone, fait le siège de Jérusalem. La tour et la muraille construites par Ezéchias protègent à nouveau le nord de la ville. Mais malgré sa grandeur, la tour ne résiste pas à l’épreuve et ne repousse les Babyloniens que pendant 6 mois. Nabuchodonosor brûle et détruit Jérusalem. Ses habitants sont bannis pendant 70 ans. Des restes de suie témoignent de l’incendie qui dévora la tour à cause d’une torche lancée par les Babyloniens. Quatre pointes de flèche trouvées dans la cendre confirment également le drame qui se déroula entre armée juive et étrangère.
A leur retour d’exil, petit à petit, sous la conduite énergique de Zeroubabel, les Juifs restaurent le Temple et les murailles de la ville. Ils travaillent jour et nuit, leurs armes à portée de main pour contrer les tentatives ennemies. Les murs sont achevés en 52 jours.
Au 2e siècle avant l’ère vulgaire, les Hasmonéens montent au pouvoir. Ils restaurent à nouveau l’épaisse tour datant du Premier Temple ainsi que les anciennes fortifications et les intègrent à de nouvelles, adaptant ainsi les murailles à leurs exigences. Les remparts empruntent presque exactement le tracé du mur construit par le roi Ezéchias autour du mont Sion, allant de la porte de Jaffa à l’allée principale du Cardo, en utilisant les vestiges de l’ancienne barrière de ville. Leur construction et achèvement est généralement attribuée à Jonathan et Simon. Il semble que Jean Hyrcan, fils de Simon, ait poursuivi la tâche. Pour lors, le long de la frontière nord, la muraille entoure Jérusalem en suivant le cours de la petite rivière Tsoulav.

Aujourd’hui, l’ensemble préservé de ces fragments de fortifications, sorte de fenêtre dans le temps, permet aux visiteurs de découvrir lesmigdal-kedem.jpg strates historiques de Jérusalem qui serpentent à travers les rues piétonnes de la Vieille Ville. Les itinéraires de la muraille sont signalés, jusque dans les profondeurs du Cardo. En outre, le Centre Yad Ben Tsvi, spécialisé dans l’histoire de Jérusalem au temps du Premier Temple, expose une maquette de la ville de cette époque et propose un son et lumière spectaculaire qui met en scène les péripéties de la cité sainte.
Enfin, en décembre, à l’occasion de la fête des Lumières, une promenade est proposée à travers les impasses magiques et mystérieuses de la Vieille Ville datant de la période hasmonéenne à nos jours. Les visiteurs pourront y croiser des combattants maccabéens, s’imprégner de l’atmosphère particulière de Hanoukka et des chandeliers allumés de toutes parts. L’occasion rêvée de venir découvrir les traces de notre histoire héroïque à la lueur des bougies, et de déguster des beignets tout chauds.


Noémie Grynberg 2012

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