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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Bene Brak, ville orthodoxe par excellence

Fondée en 1924 par des immigrants polonais pieux sur le site de l’ancienne ville connue pour son école talmudique, Bene Brak faisait précédemment partie du territoire de Dan. De célèbres rabbins y vécurent tel Rabbi Akiba ou le Hazon Ish (Rabbi Abraham I. Karelitz).
C’est à Bene Brak que les sages instituèrent la coutume du Séder, la lecture de la sortie d’Egypte lors de la fête de Pessah.

Bien avant la période antique, l’emplacement de Bene-Berak remonte à la préhistoire. On y a en effet découvert des vestiges de l’époque chalcolithique (transition entre le néolithique et l’âge de bronze) : une tombe et des ossuaires, des pierres sculptées, des armes, des objets de culte.
Plus traditionnellement, cité biblique située à l’est de Jaffa, Bene-Berak fut contrôlée par les Philistins jusqu’à la période de la monarchie unifiée d’Israël. Après la destruction du Second Temple, Bene-Berak devint un centre d’étude talmudique où furent fixées les règles halakhiques. Rabbi Akiva y établit sa célèbre école qui accueillit de nombreux élèves docteurs de la Loi et y devint membre du Sanhédrin. Il enseigna la Torah à 5 élèves qui s’imposèrent comme de grandes figures de la Kabbale : Rabbi Siméon bar Yochaï, Rabbi Meïr, Rabbi Yossi, Rabbi Nehemia et Rabbi Yehouda. Ces grands tsadikim sont appelés les Tanaïm : les rabbins de la Michna.
Rabbi Akiba ouvrit une nouvelle voie aux études sacrées. Dans la Torah, disait-il, rien n’est superflu - on n’y trouve pas un mot, pas une syllabe, pas une lettre, pas un signe qui n’ait sa raison d’être.
En vue de permettre aux Juifs qui ne comprenaient plus l’hébreu l’accès à la bible, il favorisa une nouvelle traduction grecque de l’Ecriture.
Les persécutions religieuses perpétrées par l’Empereur Romain Hadrien sont relatées dans la Haggadah de Pessah ainsi que dans les livres des Tosefta (enseignement et tradition des Tanaim). Après la révolte de Bar Kokhba (132–135 après J.-C.), Bene-Berak resta une ville juive ; Judah ha-Nasi (patriarche de Judée et rédacteur de la Michna) la visita et fut impressionné par l’extraordinaire fertilité de ses vergers et de ses vignes, conformément à la phrase biblique "un pays où coule le lait et le miel".
Au Moyen Age, les Croisés nommèrent la ville Bombrac et y construisirent une forteresse pour protéger les abords de Jaffa. Puis la ville fut délaissée durant plusieurs siècles.
En 1924, le rabbin de l’organisation hassidique polonaise ‘’Bayit Ve Nahala’’ rêvait de planter les premières graines dans ce lieu historique. Pour se faire, avec l’aide d’autres rabbins, il ramassa de l’argent qu’il déposa dans un compte en banque. Arrivé en Palestine sous mandat britannique, le rabbin Yitzhak Gerschenkorn acheta à quelques familles arabes les terrains de la future implantation. Déterminé, le Rabbi s’installa à Bene-Berak et y construisit sa maison. Ce fut le début de la renaissance moderne de la ville. Dès 1937, l’implantation se dota d’un conseil local. À partir de 1944, un important centre d’études talmudiques y fut fondé.

De nos jours, parmi une des dix villes les plus importantes d’Israël, faisant partie de l’agglomération urbaine de Tel Aviv, Bene-Berak est bordée au nord par la rivière Yarkon, au sud et à l’ouest par Ramat Gan. Les 13 familles venues de Pologne au début du XXème siècle pour fonder l’implantation moderne se focalisèrent principalement sur l’activité agricole. La ville grossit constamment. En 1929, l’implantation comptait 100 familles ; en 1941 Bene-Berak atteint 4.500 habitants ; en 1948 — 8.800, en 1955 — 25.000, et en 1968 devint la huitième plus grande ville d’Israël avec 64.700 habitants. Aujourd’hui, sa population avoisine les 145.000 habitants, ce qui constitue un record de densité avec 19.566 habitants au km2. Cette croissance dynamique est liée à la proximité de Tel Aviv et à sa particularité de ville à population orthodoxe à 85 %. Un certain nombre sont misnagdem, ultra-orthodoxes non hassidiques, d’origine lithuanienne et russe, mais beaucoup sont hassidim, relevant de diverses communautés : Guèr, Belz, Satmar et de beaucoup d’autres (y compris Loubavitch, même s’ils y sont moins nombreux). Il s’agit souvent de groupes d’un niveau de revenus faibles, composés de familles nombreuses, et pour lesquels une série d’institutions d’assistance ont été mises en place.
En périphérie du centre économique israélien, Bene-Berak profite de tous les avantages offerts par la grande métropole : transports publics, commerces, loisirs, éducation de niveau universitaire, emplois. Sa situation géographique a favorisé l’implantation d’un grand nombre d’importantes industries nationales et internationales. Bene-Berak est devenue une des régions industrielles importantes d’Israël dans le secteur alimentaire, textile ou des cigarettes, automobile, sans oublier le secteur diamantaire.

Bene-Berak est surtout connue pour ses nombreuse yeshivot accueillant plusieurs milliers d’étudiants dont un large pourcentage venant de l’étranger. La plus fameuse d’entre elles est la Ponevezh Yeshivah, fondée en 1941 par le rabbin Joseph Kahaneman. Ville de stricte observance du Sabbath, des fêtes et des lois juives, les jours fériés, les rues, vides de tout véhicule, sont entièrement investies par les piétons. Bene-Berak compte plus de 200 synagogues, dont la plupart sont hassidiques.
Ainsi, la ville offre un développement multidimensionnel entre torah, hassidisme, philanthropie et volontariat d’une part, commerce et industrie d’autre part.
La localité compte plusieurs institutions médicosociales comme des maisons de retraite, un hôpital pour personnes âgées et malades chroniques, une maison de convalescence pour enfants accompagnés de leur mère.
Ces dernières années, de nombreux nouveaux immigrants d’Europe de l’Est comme de l’Ouest et des Etats-Unis, attirés par le caractère strictement religieux de la ville, sont venus s’y installer notamment dans le spacieux quartier résidentiel nouvellement construit à leur intention.
Bene-Berak, une ville microcosme unique en son genre.

 
Israel Magazine / Noémie Grynberg 2006

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