Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Afulah capitale de la Vallée de Jezréel

Ville du district nord d'Israël, connue comme capitale de la Vallée de Jezréel, Afulah appelée autrefois Ir Yzréel (la ville de Jezréel), est un carrefour important de la région du Emek. Elle se délimite au nord par la Galilée, au sud par le centre d’Israël, à l’ouest par Haïfa et ses environs, à l’est par Beit She'an et la Vallée du Jourdain.

Le nom d’Afulah, semble provenir de la racine hébreu- cananéenne ofel (tour de garde), déjà mentionnée dans les écrits de Thutmosis III en 1478 avant J.-C. relatant sa victoire sur la ville.

Les fouilles massives entreprises au lendemain de la Guerre d’Indépendance ont exhumé des vestiges de la période cananéenne et israélite. Un village datant de la  transition entre le Chalcolithique et  l’Age de Bronze (3200 ans avant J.-C.) a été découvert, ainsi que des installations de potiers datant du temps des Patriarches, une construction représentant une ferme (avec des jarres à grains et des silos) bâtie en briques séchées au soleil. Cette demeure semble avoir été habitée jusqu’à la conquête du pays par Josué (Age de Fer), époque à laquelle elle fut incendiée. Ce site archéologique en plein centre de la ville contient également des antiquités datant de la période byzantine, romaine et turque. A l’époque des Juges (1250-1025 avant J.-C.), la tribu d’Issakhar hérita de cette région.

Le château d’eau de la ville s’élève sur l’ancien site d’Ofel, sans doute érigé pour des raisons stratégiques et militaires, mentionné dans la Bible. Non loin de là, se trouve un monticule surmonté d’un fortin carré dont le parapet est constitué de sarcophages remplis de terre. Ornés de boucliers ronds et de guirlandes, ces sarcophages ont sans doute appartenu à une nécropole du IIIème siècle située à proximité. Ce fortin est une ancienne place forte des Templiers qui fut prise d’assaut par Saladin en 1187. Six siècles plus tard, en 1799, le 16 avril plus exactement, le général Kléber et Bonaparte l’enlevèrent aux Turcs pour s’assurer ainsi la victoire du mont Thabor, lors de leur expédition dans la région.

 

Au début du XXe siècle, sous l’impulsion des Turcs, aidés des Allemands, le lieu devint une intersection ferroviaire entre Haïfa et Damas en Syrie de 1905 à 1948, puis entre Afulah, Jénin et Naplouse de 1913 à 1936.

Lors de la Première Guerre Mondiale, Turcs et Allemands construisirent des camps militaires dans les environs, ainsi qu’un champ d’aviation. Mais en 1918, le lieu fut conquis par les Anglais.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, une base militaire britannique fut construite à proximité de la ville. Lors de la Guerre d’Indépendance, Afulah devint un point stratégique entre Jénin et Nazareth. La ville fut bombardée par l’aviation irakienne.

 

La ville actuelle d’Afulah, située à la croisée de Tibériade, Naplouse, Megiddo et Hedera, fut fondée en 1925 par l’American Zion Commonwealth qui acquit le terrain dans la vallée de Jezréel afin de créer un centre urbain commercial et culturel pour les futures habitants des implantations juives rurales et agricoles. Les Arabes abandonnèrent leur terre contre des compensations financières. Les premiers pionniers juifs furent des immigrants venus de Lituanie et Pologne. De 1928 à 1934, une banque spéciale fut créée pour financer le développement de la ville.

En 1948, Afulah comptait une population de 2.500 personnes. Après l’indépendance de l’Etat beaucoup d’immigrants, notamment d’Irak et du Yémen, furent hébergés à Afulah dans des logements provisoires (Maabarot en hébreu). Dès 1951, un nouveau quartier, Afulah Illit (les hauteurs de Afulah) fut aménagé à de 4 km. La partie de la ville construite en 1953 à Givat ha-Moreh sur l’ancien site biblique du même nom (Livre des Juges), s’élève à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle se situe sur le terrain basaltique d’un ancien volcan culminant à 515 mètres. Dans les parties non construites de Givat ha-Moreh, le KKL a planté une forêt. Du haut de la colline, s’offre une vue de la vallée de Jezréel. On peut également y admirer la migration de centaines de milliers d’oiseaux deux fois par an

La ville fut dotée d’industries, principalement de textiles, mais aussi de raffinerie de sucre et de plastique. En novembre 1972, Afulah obtint le statut de municipalité, centre de la région de Jezréel. La ville poursuivit une croissance constante. Dans les années 1990, elle absorba des milliers de nouveaux immigrants montés d’Ethiopie (4.000) et de l’ex-URSS (15.000).

En 2004, la ville comptait une population de 43.000 habitants, dont 99,4% d'origine juive ou non-arabe. Selon les plans de développements prévus, Afulah devrait tripler sa population dans les 20 ans à venir.

 

En 1996, la Compagnie pour le Développement Economique d’Afulah, fondé par la mairie, contribua aux divers projets d’investissement privé et de promotion. Elle intervint par exemple dans les activités de marketing, de planification des projets municipaux, de gestion du marché municipal, de supervision du Country Club. Depuis 1999, sous son impulsion, la ville bénéficia d’un essor rapide. Son action influença considérablement l’éducation, la culture, le sport, les services sociaux et d’intégration pour les immigrants, la construction immobilière, l’emploi, le commerce et l’industrie, le bien-être social, la santé et les services religieux.

 

La municipalité d’Afulah mise sur son capital de ressource humaine et voit dans la jeune génération la force centrale qui façonnera et assurera le futur économique et social de la ville. Un centre spécialisé situé dans les bâtiments de la mairie aide les jeunes, étudiants, nouveaux immigrants, soldats, ainsi que tous ceux intéressés par leurs études ou leur vocation future. Il leur propose entre autre service un libre accès à Internet.

 

En 80 ans, Afulah est passée d’une petite implantation rurale à une ville de moyenne importance s’adaptant aux besoins et à l’évolution de sa population. Une localité peu touristique mais qui mérite peut-être d’être découverte pour y vivre ou pour la visiter.

 

 

Israel Magazine / Noémie Grynberg 2006

 

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