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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

A la découverte du marché Hatikva

Entree bis Des 5 marchés de Tel Aviv, celui de Hatikva, dans le sud de la ville, demeure sans doute le moins connu, à cause peut-être de sa réputation de quartier défavorisé. Situé hors des sentiers battus touristiques traditionnels, il offre pourtant une expérience authentique, avec ses étals bien achalandés de fruits et légumes, ses restaurants familiaux et ses gargotes populaires.

Alors que le reste de Tel Aviv se modernise à un rythme effréné, il existe un ilot qui résiste à ce développement tout azimut. Un lieu qui garde son cachet désuet.
En effet, HaTikva (‘’l’espoir’’ en hébreu) est un vieux quartier besogneux du sud de la ville, plein de vie et de couleur. A l’angle des rues Haagana et Etsel, son marché couvert s’avère un centre d’activités permanant. Source de revenus pour de nombreux riverains, il est notoire pour sa convivialité et ses prix attractifs.
Cet espace, assez méconnu du grand public, offre aux visiteurs un aperçu de la diversité ethnoculturelle israélienne. Ainsi, si vous aimez rencontrer les gens du pays et chercher le pittoresque hors des circuits habituels, cet emplacement pourrait bien vous plaire. Il draine à la fois badauds, clients et gourmands. Mais ne vous attendez pas à y rencontrer des tours opérateurs et des hordes d’appareil photo. Ici, c’est du vécu, du quotidien. Moins fréquenté que d’autres halles, Hatikva se révèle un vrai marché de quartier. Vous n’y croisez pas de touristes venus se dépayser dans un bazar oriental, ni même des Tel-aviviens du nord de la ville mais de vrais personnages locaux faisant tout simplement leurs courses ou un brin de causette avec les commerçants.
A première vue, le marché semble assez petit comparé à celui de Mahané Yehouda à Jérusalem ou du Shouk Hacarmel de Tel-Aviv. En effet, il s’étend sur deux voies principales et quelques rues latérales. Plus réduit, il parait donc moins agité, moins bruyant et moins bondé que ses concurrents plus folkloriques. Ce qui permet de se promener tranquillement, de flâner d’étal en étal. En semaine, les allées sont dégagées : pas de bousculade devant les stands et pas de piétinements dans les passages. Par contre, à l’approche de shabbat, le lieu devient plus animé.

Un site empreint d’Histoire
À travers les ruelles et les petites maisons d’époque, ce lieu historique, un des plus vieux de Tel Aviv, raconte l’évolution de la ville. Il a été fondé entre 1936-1939, lorsque les marchands arabes du village voisin de Salamé ont décidé de boycotter les clients juifs. En conséquence, les résidents du quartier Hatikva ont peu à peu commencé à commercer entre eux. Au cours des ans, le marché s’est développé pour devenir un centre de vie sociale et de rencontres pour la classe laborieuse de cette zone. Avec les vagues d’immigration venues d’Irak, d’Egypte et du Yémen dans les années 50, le site s’est vu transformé et enrichi de nombreuses denrées caractéristiques de chaque communauté.
En 2005, le shouk Hatikva a été rénové. Les magasins ont été agrandis, des étals construits, l'éclairage normalisé et les trottoirs repavés. La chaussée a été refaite et élargie, les égouts remplacés, les câbles électriques et téléphoniques enterrés dans le sol. Ce qui donne à l’emplacement un aspect plus soigné, propre et moderne.

Les incontournables
Le shouk Hatikva compte quantité de détaillants de fruits (parfois exotiques) et légumes frais (certains bios), d’échoppes typiques vendant des spécialités orientales ou
P1040823marocaines, de boucheries (toutes casher), de boulangeries et d’épiceries fines. Il comprend aussi des boutiques de confiserie, de fleurs, d’ustensiles ménagers, d’outils, d'habillement.
Vous trouverez beaucoup de bons produits pas chers ainsi qu'un certain nombre de restaurants populaires dissimulés ça et là qui servent des plats maison sans chichi mais riches de saveurs venues d’ailleurs : Maroc, Yémen, Turkestan ou Irak.
Une des attractions originales du lieu : la boulangerie traditionnelle boukharite. Ouverte il y a 22 ans par la famille Kandov qui a immigré du Turkménistan en Israël, l’échoppe contient à l'intérieur un énorme four à l’ancienne sur les parois duquel sont cuits les lefioshkas, le pain artisanal. Vous y verrez également du goushgizeh : une sorte de brioche fourrée à la viande légèrement assaisonnée de cumin et de sel, ou encore une fine pâtisserie croquante nommée touki.
Une autre famille pionnière du marché : les Amiga. Voilà trois générations que ses membres tiennent une épicerie qui commercialise plus de 30 variétés d’olives du monde entier mais aussi de la tehina fabriquée sur place. Un délice.
Le restaurant familial yéménite Busi sert, lui, de la viande grillée depuis près de 60 ans, accompagnée de pain cuit au tabun (four d'argile chauffé au feu). Son menu propose de même des soupes, des salades, des shawarmas ou du poisson. En dessert, baklava et café.
Avec son ambiance d’autrefois, le Café Levi, une affaire familiale depuis 80 ans, figure également comme un endroit emblématique du marché. Il présente toutes sortes de variétés de grains : vert, brésilien, colombien, arabe, expresso, etc. que vous pouvez déguster ici même. Sa spécificité : torréfier et moudre les grains sur place grâce à de vieilles machines à meules. En outre, malgré son nom, l’échoppe ne se cantonne pas qu’au café. Elle vend aussi des épices, des légumineuses et du sucre en bloc.
Quant à l’épicerie Neama, fondée il y a près de 50 ans, elle propose des herbes aromatiques uniques que vous ne vous procurez nulle part ailleurs, comme les graines de basilic utilisées dans la cuisine iranienne ou la menthe sauvage parfumant les plats irakiens.
Enfin en déambulant à l’intérieur et à l’extérieur du marché, vous passerez sans doute devant de petites gargotes de diverses spécialités : kubé, tripes farcies, blettes, kebab, houmous, etc. selon l’origine de l’établissement. Il y en a pour tous les gouts. Et côté boisson, vous pourrez déguster des jus de fruits frais de grenades et bien d’autres choses encore. A vous maintenant de venir les dénicher.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2017

 

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