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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Mathématiques en France : un bilan contrasté

Paradoxalement, alors que la France abrite certains des meilleurs mathématiciens du monde, elle souffre du niveau très décevant de ses élèves en algèbre ou en géométrie. Constat.

Selon les derniers résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA - Programme for International Student Assessment) réalisé tous les 3 ans afin d’évaluer l’efficience et l’équité des systèmes éducatifs, les écoliers français se révèlent médiocres en maths. En effet, suivant le classement PISA, sur les 65 pays de l'OCDE examinés, la France occupe le 22e rang.
L’étude a analysé la méthodologie d’enseignement dans les différents pays et s’est interrogée sur la problématique des jeunes qui à l’issue de la scolarité obligatoire se retrouvent non qualifiés et le plus souvent très loin du niveau de connaissances et de compétences définis par le socle commun.
PISA a ainsi mis en évidence le fait que, dans l’ensemble, les acquis des élèves français en mathématiques se détériorent au fil des ans alors que ceux des jeunes d’autres pays s’améliorent. Pourquoi ? PISA a montré que les résultats des écoliers français sont fortement liés à leur milieu socioéconomique et culturel d’appartenance et cela, de façon plus forte que dans la plupart des pays comparables. De plus, PISA a indiqué que l’écart entre les jeunes de milieux économiquement favorisés et ceux de milieux défavorisés est plus important que dans d’autres pays et que cet écart s’accroît au cours des années.

Devant ces conclusions alarmantes, le ministre français de l’Education, Luc Châtel, a décidé d’entreprendre une réforme de l’enseignement des mathématiques. Il espère ainsi lutter contre l’échec scolaire. Selon lui, il est nécessaire de créer aussi tôt que possible à l’école primaire des automatismes en calcul, en particulier la maîtrise des quatre opérations qui permet le calcul mental. Avec un entraînement quotidien, les élèves accèdent par là à une connaissance plus approfondie des nombres et commencent à se familiariser avec leurs propriétés. L’exercice favorise leur appropriation.
Aussi, d’après les spécialistes, enseigner les mathématiques à l'école élémentaire développe l'imagination, la rigueur et la précision des jeunes. D’où l’objectifs prioritaires en CP et en CE1 : la connaissance des nombres et le calcul. Ensuite, la résolution progressive de problèmes qui contribue à construire le sens des opérations, l'approche des mesures, l’apprentissage de la numération décimale inférieure à 1000. Avec la géométrie, les élèves passent progressivement d'une reconnaissance perceptive des objets à une étude fondée sur le recours aux instruments de tracé et de mesure. Ils traitent des situations qui font intervenir la proportionnalité.
Au fur et à mesure, les jeunes enrichissent leurs connaissances et acquièrent de nouveaux outils. En partant de situations proches de la réalité, ils intègrent les bases d'une première culture scientifique.

Mais au-delà de la littératie numérale stricte, reste l’obstacle de la compréhension textuelle. Effectivement, qu'implique comprendre un énoncé de mathématique ? Il s'agit d'abord de repérer les informations fournies (hypothèses), celles à obtenir (conclusions), puis de trouver un “chemin” (démarche) conduisant de celles-là à celles-ci. La compréhension d'un problème (c'est-a-dire sa lecture) dépendrait donc, non seulement de capacités à opérer et a déduire, mais d'abord de la possibilité de mettre en œuvre ces aptitudes. Trop souvent, ces activités de reformulation sont négligées et l'élève passe directement d'un déchiffrage à une résolution par automatismes. D’où la polémique pédagogique qui oppose automatisation et compréhension des opérations numériques.
De plus, pour que les enfants progressent, il faut qu’ils comprennent le dénombrement. Dans ce cas donc, la compréhension est aussi un pré-requis à la mémorisation.

Enfin, autre difficulté relative à l’enseignement des mathématiques : les professeurs semblent avoir des attentes différenciées pour les filles et les garçons. En cours, les enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles (environ 44%) qu’aux garçons (56%). Les professeurs passent notamment plus de temps à répondre aux interventions des garçons. Ainsi ces derniers reçoivent un enseignement plus personnalisé. En CE2, les enseignants donnent aux élèves de sexe féminin des questions demandant peu d’efforts intellectuels ; au contraire, les garçons se doivent de répondre à des questions plus difficiles.


Noémie Grynberg 2011

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