Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Alzheimer, une fatalité de l’âge

Interview du psycho-gériatre Haïm Shem David

alzheimer.jpgDocteur Haïm Shem David, vous êtes psychiatre spécialisé en psycho-gériatrie à l’hôpital Tel-Hashomer. Pouves-vous nous expliquer quel rôle joue la génétique ?
Dr. Haïm Shem David : Elle tient un rôle particulier. Ainsi dans certaines familles, la démence semble plus courante. Par exemple, certains gènes sont responsables de la sédimentation des protéines dans le cerveau. Mais la dégénérescence dépend aussi des classes d’âge : chez les plus de 45 ans, elle est considérée comme normale, chez les moins de 45 ans, elle est vue comme précoce.

Où en est aujourd’hui la recherche en Israel ?
Dr. Haïm Shem David : Comme dans le reste du monde, elle se concentre dans deux branches. La première cherche à découvrir les causes et les processus des lésions cérébrales. La seconde, les moyens de traitement ou de prévention contre la progression de l’Alzheimer. Des études portent également sur les inflammations du cerveau menant à la démence. Par contre, Israel ne développe pas de nouveaux médicaments.

Quel budget lui est consacré ?
Dr. Haïm Shem David : Faible car la recherche sur l’Alzheimer n’est pas très développée en Israel. Le Ministère de la Santé ne la finance pas. En fait, ce sont les grandes sociétés pharmaceutiques qui s’engagent dans la prospection médicamenteuse lorsqu’elles y trouvent un intérêt économique. En outre, il n’existe pas en Israel de filière spécialisée en psycho-gériatrie.

Comment différencier l’Alzheimer des autres troubles de la mémoire ?
Dr. Haïm Shem David : La première relève de la démence qui atteint les fonctions cognitives c’est-à-dire la compréhension, le langage, la capacité à résoudre des problèmes, la planification, l’orientation. Les seconds n’ont aucun lien avec la démence et ne portent pas à conséquence. Ils peuvent provenir des suites d’une dépression ou d’une anxiété qui atteint alors la mémoire et la concentration.

Quand faut-il consulter ?
Dr. Haïm Shem David : De manière générale, lorsque la mémoire et la concentration ne sont plus ce qu’elles étaient par le passé. De toute façon, après l’âge de 55-60 ans, tout le monde doit consulter car le risque de développer l’Alzheimer augmente avec l’âge à cause du processus de vieillissement du cerveau. Cependant certains groupes  de personnes présentent plus de risque : ceux présentant génétiquement des signes de démence précoce, ceux souffrant de maladies cérébrales ou de dépressions. Mais aujourd’hui, il est possible de pallier et de traiter ces déficiences.

Comment améliorer le diagnostique ?
Dr. Haïm Shem David : Plus tôt on s’y soumet, mieux on peut soigner l’altération. Il est plus facile de limiter, de soigner et de soulager la maladie à un stade précoce.

Quel rôle joue la génétique ?
Dr. Haïm Shem David : Elle tient un rôle particulier. Ainsi dans certaines familles, la démence semble plus courante. Par exemple, certains gènes sont responsables de la sédimentation des protéines dans le cerveau. Mais la dégénérescence dépend aussi des classes d’âge : chez les plus de 45 ans, elle est considérée comme normale, chez les moins de 45 ans, elle est vue comme précoce.

L'Alzheimer est-elle héréditaire ?
Dr. Haïm Shem David : Oui. Mais ce cas reste rare.

Combien de temps les patients vivent-ils après avoir développé la maladie ?
Dr. Haïm Shem David : C’est très variable. Cela dépend du stade de sa découverte. En général, les personnes peuvent vivre 15 ans avec l'Alzheimer. Comme c’est une pathologie de personnes âgées, elle influe sur la qualité de vie, pas sur la longévité.

De nos jours, comment l'Alzheimer est-elle traitée ?
Dr. Haïm Shem David : On la soigne à divers échelons. D’abord l’environnemental, avec la famille, par des exercices cérébraux et cognitifs, des examens médicaux. Ensuite le social par des activités en dehors de la maison, puis l’intellectuel entraînant sa mémoire. Enfin, le biologique par des médicaments. L’idéal étant d’allier tous les domaines : le biologique, le psychologique et le social.

Les thérapies géniques et cellulaires sont-elles une bonne voie ?
Dr. Haïm Shem David : Tout à fait. Grâce à leur identification précoce, on peut traiter les gènes mutants ou leurs conséquences.

Les greffes de neurones seront-elles bientôt envisageables ?
Dr. Haïm Shem David : Non, pas dans un proche avenir. Lorsque l’on parle de greffe, cela veut dire remplacer un organe ou une partie spécifique. C’est impossible concernant le cerveau.

Où en sont les tests d’immunothérapie ?
Dr. Haïm Shem David : Ils ne sont pas d’actualité car pour l’instant, ils ne montrent pas de bons résultats  sur lesquels s’appuyer. C’est un domaine d’avenir.

L’aluminium favorise-t-il la maladie ?
Dr. Haïm Shem David : D’une façon générale, toute substance qui stagne dans le cerveau est susceptible de l’endommager et donc de conduire à la démence. Peut importe d’où elle provient : médicaments, manque de vitamines, infection virale, changement du taux de sel dans le corps, etc. Plus le corps vieilli, moins il peut lutter contre ces dommages.

Enfin, peut-on prévenir la démence ?
Dr. Haïm Shem David : Non. On peut juste diminuer les causes de risque par un style de vie sain : une bonne nutrition (régime méditerranéen avec beaucoup de fruits et légumes, du poisson, peu de viande) et une activité intellectuelle. De toute façon, ce qui la détermine, c’est l’âge. L’Alzheimer ne constitue qu’un type de démence. Il en existe d’autres dues par exemple à des traumatismes crâniens (comme la boxe) ou liées à la maladie de Parkinson.


Propos recueillis par Noémie Grynberg 2013

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