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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Qui est Federica Mogherini, nouvelle chef de la politique étrangère européenne ?

Le 30 août dernier, les chefs d'Etat et de gouvernement européens approuvent le choix de la candidate sociale-démocrate italienne au poste de chef de la Mogherinidiplomatie européenne. Pourtant, ses détracteurs affirment que Federica Mogherini a été désignée pour son manque d'expérience diplomatique qui permettrait à certains Etats européens majeurs de maintenir leur propre politique étrangère. Sa nomination va-t-elle infléchir les relations de l’Union européenne avec Israel ? A voir.

Federica Mogherini, Romaine de 41 ans, est diplômée de sciences politiques. Elle commence son engagement politique au sein de la Fédération des jeunes communistes italiens en 1996 avant de rejoindre le parti démocrate (PD). En 2008, elle est élue député et poursuit une carrière de conseillère en relations internationales au sein du PD italien. Le 22 février 2014, elle est nommée par le chef du gouvernement, Matteo Renzi, ministre des Affaires étrangères jusqu’à sa nouvelle nomination, six mois  plus tard, au poste de haute représentante pour la politique extérieure et la sécurité de l’Union européenne. Elle succède ainsi à Catherine Ashton pour un mandat de cinq ans. A Bruxelles, Federica Mogherini devient donc le 1e novembre dernier, la nouvelle chef de la diplomatie des 28 et vice-présidente de la Commission européenne. Elle se voit chargée de la coordination et de l’élaboration de la politique étrangère et sécuritaire commune de l’UE. Par ses fonctions, Federica Mogherini veille également à la cohérence de l’action extérieure de l’Union et préside la réunion mensuelle des ministres européens des Affaires étrangères.
A peine nommée, en pleine crise ukrainienne, Mogherini adresse pourtant ses premières déclarations officielles au Moyen-Orient. La chef de la diplomatie européenne se dit favorable à la reconnaissance de la Palestine : « Je serais heureuse si l’Etat palestinien existait au terme de mon mandat ». « Ma première visite sera pour Israël et la Palestine ». « Ma mission commence avec Gaza et Tel-Aviv. » « Le moment me semble venu de favoriser une approche concertée, incluant la question de la Palestine et des relations entre le monde arabe et Israël. Il sera, en effet, difficile de garantir la sécurité pour ce pays sans un cadre plus large impliquant les pays arabes. Et un accord global de ce type faciliterait la résolution du dossier israélo-palestinien. » Federica Mogherini souhaite donc que l'Union européenne s'implique davantage dans les négociations aux côtés des Etats-Unis.
Ainsi, son premier voyage officiel, du 7 au 9 novembre 2014, est pour Israël et les territoires administrés par l’Autorité Palestinienne. Sa visite de deux jours « souligne la priorité donnée à cette région par l'UE et sa volonté de jouer un rôle de stabilisation, de reconstruction et de faire revivre le processus de paix ». Après s’être rendue à Jérusalem, Federica Mogherini plaide depuis Gaza pour un Etat palestinien indépendant. « C'est l'objectif et cette position est partagée par toute l'Union européenne », affirme-t-elle lors d'une conférence de presse. Elle estime que Jérusalem devait « être la capitale des deux Etats ». La Haute représentante demande aussi la fin de la « colonisation » israélienne qu’elle qualifie d’« illégale » avant de rencontrer de hauts responsables palestiniens à Ramallah.
Pourtant, en juillet 2014, Federica Mogherini encore Ministre italienne des Affaires étrangères s’était rendue en Israël pendant l’opération Bordure protectrice et avait visité entre autre à Ashdod une maison frappée par une roquette.

Positions de l’Union européenne
Le 3 novembre 2014, après que le Ministère israélien de l'Intérieur ait donné son feu vert à la construction de 500 logements dans le quartier de Ramat Shlomo à Jérusalem, Federica Mogherini accuse Israël de « rester sourd aux appels de l'UE, de ses Etats membres et de nombreux autres membres de la communauté internationale sur la question des colonies israéliennes ». « Cette décision est un nouveau pas hautement préjudiciable », regrette Mogherini. Cela « sape la perspective d'une solution basée sur deux Etats et fait fortement douter de l'engagement d'Israël en faveur d'une solution pacifique et négociée avec les Palestiniens », ajoute-t-elle.
Deux jours plus tard, lorsqu’Israël est confronté à deux actes terroristes à la voiture bélier, faisant un mort et 14 blessés, la Chef de la politique étrangère de l'UE annonce : « l’attaque terroriste à Jérusalem-Est est une autre preuve douloureuse de la nécessité d'entreprendre des efforts sérieux en vue d'un accord de paix durable dans le conflit israélo-palestinien. » Le 10 novembre, deux nouvelles agressions au couteau se produisent à Tel Aviv et à Alon Shvut, faisant deux nouvelles victimes israéliennes. Dans un communiqué, un porte-parole de la représentante de la diplomatie européenne affirme sa « profonde préoccupation » face à cette montée de tension dans la région. « Les actes terribles de terreur de la journée méritent une forte condamnation ».
Enfin, le 18 novembre, après l’attentat meurtrier de la synagogue de Har Nof, à Jérusalem, qui fait 4 morts, Federica Mogherini condamne l’attaque et déclare qu’elle ne « peut que nuire à toute avancée vers la paix ». La haute représentante de l’UE appelle de nouveau tous les dirigeants de la région « à travailler ensemble et à faire tout leur possible pour apaiser immédiatement la situation et empêcher une nouvelle escalade ». Elle invite toutes les parties à se retenir de toute action qui pourrait envenimer la situation. « Je condamne fermement toute déclaration appelant à de telles attaques ou les vantant », précise-t-elle. « Le temps est venu pour les deux parties de faire des compromis, de promouvoir la stabilité et d’assurer la sécurité à long terme tant des Israéliens que des Palestiniens… Il en va de la responsabilité des deux parties, avec l’aide de la communauté internationale, de travailler urgemment à la reprise des négociations », conclut-t-elle.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2014


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