Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Une « brillante » industrie

Activités emblématiques de l’Etat hébreu, la taille et le commerce de diamants représente un secteur d’activité important dans l’économie du pays. dialants.jpgDepuis longtemps, le dynamisme de Tel-Aviv concurrence la place traditionnelle d'Anvers.

Le secteur du diamant en Israël se caractérise par une longue expérience et des compétences particulières, une créativité, une technologie de pointe, une éthique stricte et la capacité d'offrir aux acheteurs tous les biens et services sous un même toit. En effet, Israël est le premier exportateur de pierres polies à destination des joailliers comme ceux de la place Vendôme. Près de la moitié des diamants bruts du monde transitent par ici et plus d'un brillant sur deux acheté aux États-Unis en vient. De fait, les principales exportations de solitaires se font vers ces derniers. Au total, l'industrie diamantaire israélienne réalise un chiffre d'affaires de 28 milliards de dollars. Parallèlement, le pays s'est mis aussi à fabriquer des bijoux clés en main pour des chaînes de magasins chinoises ou françaises, comme Carrefour.

Une ‘’brillante’’ épopée
Tout commence bien avant la création de l’Etat. En fait, l'activité diamantaire effectue ses premiers pas au Congrès sioniste de 1905. Puis, l'industrie du brillant se constitue progressivement à partir des années 1930. En 1933, une coopérative de sept Juifs Anversois décide d'immigrer en Israël et de mettre en place la première usine de polissage de diamants à Petah Tikva. En 1937, une autre usine de polissage s’ouvre à Tel-Aviv. De là date généralement le réel début du secteur du diamant en Israël. La même année, la «Palestine Diamond Club" - la première organisation de commerce du diamant - est fondée. Ironie de l'histoire : pendant la Seconde guerre mondiale, l'occupation allemande des principaux centres diamantaires européens favorise l'industrie israélienne. A cette époque, Netanya devient la Ville du Diamant. L’activité contribue d'ailleurs à la fondation du nouvel État, apportant du travail pour les immigrants et un débouché commercial extérieur au jeune pays.
En 1948, 30 usines de polissage emploient environ 800 personnes. Dix ans plus tard, Israël en compte 134.
Dans la première décennie de l'existence de l'Etat, la valeur des pierres brutes importées triple, passant d'environ 9 millions de dollars à 28,8 millions de dollars en 1957.
bourse-r-g.jpgEn 1968, la Bourse du diamant inaugure son nouveau bâtiment à Ramat Gan. Tous les services nécessaires pour le commerce des gemmes y sont regroupés : de l'importation de pierres brutes à l’exportation des diamants polis, en passant par les ministères, les banques, les bureaux de douanes et de poste, les compagnies d'assurance etc.
Dès 1975, la qualité de la taille israélienne devient comparable à celle d’Anvers.
Au cours des années 1980, les exportations de diamants triplent en valeur, croissant de 900 millions de dollars en 1982 à 2,7 milliards en 1989. Dans les mêmes années, le volume de carats exportés double presque, augmentant d'à peu près 2 millions de carats à presque 3,9 millions de carats. Le total des importations de diamants bruts quadruple en valeur, s’envolant d'approximativement 500 millions de dollars à plus ou moins 2,1 milliards de dollars. Toujours pour la même période, les importations doublent en volume, s’élevant d'environ 3,7 millions de carats à près de 7,2 millions de carats. Mais l'érosion de la rentabilité commence en 1989 et s’aggrave considérablement en 1993 lorsque l'assurance du taux de change est annulée. En outre, la réforme la plus importante de cette décennie reste la disparition progressive des intermédiaires, remplacés par du marketing direct de la part des fabricants eux-mêmes.
En 2012, Israël enregistre une chute brutale du commerce des diamants. L’exportation baisse de 23%, faisant  passer globalement les chiffres d’affaires de 7,2 milliards de dollars à 5,56 milliards de dollars.
Ces derniers mois, le président du Centre Israélien du Diamant (Boursat HaYahalomim), Yaïr Sahar, a proposé au gouvernement un plan de sortie de crise. Selon lui, pour préserver l’image d’Israël comme pays industriel du diamant, l’Etat devrait investir dans la formation urgente d’une nouvelle génération de diamantaires car le secteur manque de main-d'œuvre qualifiée et professionnelle. D’après Yaïr Sahar, avec l’aide financière institutionnelle, il faudrait encourager le public orthodoxe à pénétrer ce marché du travail, lui proposer des formations appropriées avec des conditions salariales et de travail adaptées à son mode de vie.

Une industrie pas si ‘’solitaire’’
Au cœur de Ramat Gan, le quartier d'affaires qui jouxte Tel-Aviv, se trouve le plus grand centre au monde de commerce de diamants : un complexe de 100.000 mètres carrés. La zone spécialement réservée à cette activité - quatre tours reliées entre elles par des passages couverts - dispose d'une renommée internationale. Elle constitue l'un des principaux pôles de vente et d'achat de pierres précieuses. Il s'y échange pour 17 milliards de dollars de gemmes par an. 15.000 personnes (dont 2.700 accréditées à la Bourse) travaillent chaque jour dans cette City du brillant. Et les orthodoxes monopolisent ce business.
En tant que membre de la Fédération mondiale des 20 bourses de diamants, Israël applique un code déontologique sévère. Ses membres doivent respecter des principes éthiques et professionnels stricts.
Dernièrement, la Bourse Israélienne du Diamant s’est jointe au Laboratoire Européen de Gemmologie (LEG) afin d’utiliser une nouvelle technologie afin de lutter diamants.jpgcontre la fabrication synthétique ou le traitement des pierres qui menacent le marché du diamant naturel. Ce nouveau système permet en effet d’identifier avec certitude les gemmes traités ou artificiels. Grâce à lui, il sera désormais possible d’établir une distinction nette et absolue entre vrais diamants naturels et pierres manipulées ou synthétiques car un diamant naturel perd de sa valeur dans le cas où un traitement sur la couleur ou un accroissement de la clarté sont détectés.
De son côté, l'Israel Diamond Institute Group of Companies (IDI) est un organisme d'intérêt public sans but lucratif, qui représente toutes les organisations et institutions de cette industrie. Ses principales fonctions englobent : le marketing et développement commercial, la promotion du négoce des diamants bruts, la formation professionnelle, les conseils en sécurité, la recherche et le développement technologique et enfin les salons et expositions.

Pour booster son industrie, Israël a octroyé au secteur diamantaire une exemption fiscale sur l’importation de pierres non taillées et de très faibles droits de douane sur les diamants polis. Du coup, les exportations de ces derniers ont atteint près d’un quart des revenus commerciaux du pays.
Mais cette précieuse industrie commence à subir la concurrence de la Chine et de l’Inde, moins chères, qui accueillent nombre de délocalisation du polissage. Alors, pour contrecarrer la fuite de leur activité, beaucoup de diamantaires israéliens ont eux aussi ouvert des filiales dans ces pays.


Noémie Grynberg 2013

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Commentaires

  • Paoli Aliwaka

    1 Paoli Aliwaka Le 16/03/2018

    Bonjour
    Artisan minier depuis près de 10 ans, de nationalité centrafricaine je souhaite bénéficier d'une formation sur la vente de diamant brute à l'étranger, mais aussi avoir des partenaires crédibles.
    Merci.

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