Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

La 20e Knesset : l’assemblée de tous les records

Knesset 2Sociologiquement, les représentants du peuple incarnent-ils les caractéristiques générales de la population nationale ? En tout cas, le nouveau parlement israélien élu en mars dernier compte plusieurs records : celui du nombre de nouveaux députés, de femmes, d’Arabes, de jeunes de moins de 40 ans, de non religieux et de natifs israéliens.

Le 17 mars 2015, 5.883.365 Israéliens de plus de 18 ans étaient appelés à voter pour les législatives anticipées. Parmi eux, 4.253.336 ont accompli leur devoir civique, dont 250.000 militaires. Soit un taux de participation global de 72% (chute de 3%) avec 1% de votes blancs ou nuls. 10.119 urnes ont été installées à travers le territoire, dont 56 dans 27 prisons et 255 dans les différents hôpitaux du pays. Les villes de Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Rishon Letzion ont compté les plus grandes concentrations d’électeurs. Parmi les 26 listes en course pour le parlement, c’est le Likoud (droite libérale) qui a remporté le plus de voix. Par contre, les partis Shass et Israel Beytenou ont réalisé ici un de leur plus mauvais score. Quant au nombre de représentants religieux, il est en baisse. Ceux-ci ne sont que 27 contre 40 auparavant. Ceci indique un affaiblissement de ces partis, qu’ils soient orthodoxes ou sionistes.
Le 30 mars dernier, les 120 députés répartis entre dix formations politiques ont prêté allégeance à la nouvelle Knesset choisie par le peuple. Quelques heures après la prestation de serment solennelle, 16 projets de loi étaient déjà présentés.

Les records inédits
Cette vingtième législature compte un record de 39 nouveaux députés, soit un tiers des élus : 11 au Likud, 9 pour Koulanu, 9 pour le Camp Sioniste, 6 pour la Liste Unie, 2 pour le Foyer Juif, 1 pour Yesh Atid et 1 pour Israel Beitenou.
Record aussi de femmes (29), soit près d’un quart du parlement. Avec deux de plus que précédemment (27), c’est inédit depuis 1948. Mais même si les femmes ont fait un bond dans leur représentation au législatif, les 24,2% de parlementaires féminines classent Israel au 66e rang mondial concernant la parité en politique. L’union de gauche s’avère celle qui en comprend le plus (8), suivie par le Likoud (6) et Koulanu (4). La liste arabe en compte 2. Proportionnellement, c’est Meretz (extrême gauche) qui arrive en tête avec une majorité de 3 femmes sur 5 députés élus alors que les partis orthodoxes traditionnels n’en comptent aucune. En outre, la liste Bezhoutan, formation harédit 100% féminine, n’a pas atteint le seuil d’éligibilité de 3,25%.
Record également des représentants de moins de 40 ans (17). Le Camp Sioniste figure le groupe le plus jeune avec 5 parlementaires en dessous de cet âge. Le plus jeune député, Stav Shaffir du Camp sioniste, a 30 ans. A l’opposé, les partis les plus « vieux » sont Yahadout Hatora (62 ans de moyenne) et Shass (58 ans en moyenne). Quant au doyen de l’Assemblée, c’est Benny Begin (72 ans) du Likoud.
Concernant l’ethnicité, la nouvelle Knesset compte encore un record d’élus nés en Israel (95). Seuls 25 députés sont nés à l’étranger : Argentine, USA, Afrique, Europe, Asie. Parmi eux, cinq devront renoncer à leur citoyenneté étrangère.
De la même façon, la 20e législature comprend le plus de députés arabes jamais atteint – 16 contre 14 précédemment : 12 de la Liste Unifiée, 4 répartis entre les autres partis. Il faut dire que cette année, les Arabes se sont massivement rendus aux urnes. Et de plus en plus d’électeurs parmi eux ont ouvertement choisi les listes sionistes (Likoud, Habayt Hayéhoudi), estimant que les députés arabes ne les représentent pas car plus occupés à défendre les Palestiniens. Ces Arabes israéliens soutiennent un Etat Juif et démocratique et souhaitent pleinement participer à la vie nationale du pays : intégration, armée. Par exemple, les habitants du village bédouin d’Arab Al Nayim en Galilée ont choisit à 76% le Likoud.
A contrario, les élus représentant les Ashkénazes de la classe moyenne et supérieure qui votent pour la gauche (Camp sioniste) ou le centre (Yesh Atid) et se définissant comme laïcs sont en recul par rapport à ceux de droite, plutôt sépharades, moins favorisés économiquement et vivant dans la périphérie, se définissant davantage comme religieux ou traditionnalistes.
La nouvelle Assemblée reflète de même les changements socioéconomiques du pays. En 2015, seuls deux députés sont issus de kibboutz. Au niveau du passé professionnel des élus, de plus en plus de personnalités venant des médias entrent en politique. La présente Knesset en dénombre 15. Presque un député sur dix a exercé les fonctions de journalistes avant de se consacrer à la vie nationale. Les plus connus du grand public sont Yaïr Lapid (Yesh Atid), Ofer Shelah, Sheli Yehimovitz et Meirav Michaeli (Camp sioniste) ; d’autres les ont rejoints comme Zohar Bahaloul (Camp sioniste), Sharon Gal (Israel Beitenou) et Yenon Magal (Habait Hayehoudi), ancien présentateur de la 1e chaine.  Par contre, ceux sortant des services de sécurité (Tsahal, police, Shabak, Mossad) semblent en déclin. La présente assemblée en compte 39 dont 7 anciens généraux d‘armée. En outre, parmi les 120 nouveaux élus, on trouve onze titulaires d’un doctorat, cinq d’un diplôme rabbinique, onze ancien maires ou présidents de conseil régional. Enfin, le parlement dénombre 10 députés de « seconde génération » dont Yitzhak Herzog, Tzipi Livni, Yair Lapid, Benny Begin et Orly Levy.
Pour finir, d’après la répartition géographique, le nombre de représentants habitant la Judée Samarie se voit à la baisse : 10 (4 Likoud, 4 Bayit Yehudi, 1 Yesh Atid et 1 Israel Beytenu) contre 12 précédemment. Au sein des citadins, 33 élus viennent de Tel Aviv et sa banlieue, 16 de Jérusalem. 7 appartiennent à la périphérie sud (plus de 60 km du centre) et 21 vivent dans la périphérie nord. La ville qui a le plus voté à droite et pour les partis orthodoxes reste Jérusalem : 25% pour Bibi, 21% pour Yahadout Hatora et 12% pour Shass. Par contre, les Arabes de la capitale n’ont voté qu’à 1% pour la Liste Unifiée.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2015

 

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam