Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Jérusalem ville des contraires

Jérusalem réunit les contraires : ville de la sainteté par excellence, elle possède également des industries de high-tech, brasse des populations socio-économiques très distinctes et oscille entre pauvreté et richesse.

L’emploi
La particularité de l'économie de Jérusalem est centrée sur le tourisme et les entreprises publiques. Depuis 1948, le gouvernement israélien reste un acteur majeur dans l'économie de la ville. Non seulement il génère un grand nombre d'emplois mais œuvre également à offrir les conditions propices à la création d'entreprises. La capitale est le siège de toutes les grandes administrations publiques et ministères qui comptent à eux seuls 11% des emplois de la ville. Pour les autres services, l’enseignement emploie 18 % des habitants, la santé et les services sociaux 11,6%, l’hôtellerie et la restauration 16,4%, les banques et assurances 15%, les transports et communication 5,5%, la construction 5,7% (chiffres 2004). Tous secteurs publics confondus (municipaux, gouvernementaux), ces emplois cumulent 47% du taux d’activité de la capitale.

Socio-démographie
Concernant les indicateurs économiques de la population, ils se basent sur des variables telles que le revenu ou le taux d’équipement. Dans la capitale, ville la plus peuplée du pays avec 730.000 habitants (tous groupes confondus), la population souffre d’un statut économique assez bas. Ceci s’explique par la très grande diversité des Hiérosolomitains. Alors que d’un côté Jérusalem compte de grosses fortunes (surtout venant de l’étranger), les orthodoxes et les Arabes cumulent de très faibles revenus dus à leur bas niveau de qualification, à leur emploi précaire et à leur famille nombreuse. Le salaire médian tourne autour de 7.000 shekels par mois pour les employés et 5.500 pour les indépendants. Les revenus moyens par famille atteignent 10.000 shekels. Mais selon les estimations de 2003, dans la capitale israélienne (hors quartiers est), 41% de la population (dont 53% d’enfants) sont considérés comme nécessiteux : 33% des familles ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Ainsi, paradoxalement, Jérusalem est une des villes les plus pauvres d’Israël malgré son activité industrielle et la flambée de l’immobilier qui ne compensent pas les carences des populations orthodoxes et arabes. Une des explications serait le taux d’activité plus faible (48%) que dans les autres grandes villes du pays (58% à Tel Aviv et 52,4% à Haifa) dû entre autre aux lacunes du travail féminin (39,8% à Jérusalem contre 50,1% à Tel Aviv et 46,6% à Haifa). A l’inverse des deux autres grandes villes israéliennes, Jérusalem n’emploie principalement que ses propres résidents. Comparé à  Tel Aviv notamment, peu d’employés viennent de localités éloignées pour travailler dans la capitale. Près de 90% des emplois sont tenus par des Hiérosolymitains.
La densité par habitation est un bon indicateur du niveau économiques des Hiérosolymitains. Elle compte 2 personnes ou plus par foyer dans près de 8% des cas (chiffres 2003). Au niveau de l’habitat, le parc résidentiel cumule près de 180 mille unités de logement. Fin 2007, alors que les prix de l’immobilier dans l’ensemble du pays ont augmenté de 3% ces dernières années, les spécialistes notaient qu’à Jérusalem la hausse atteignait les 20%. Il faut compter en moyenne 8.000 dollars le mètre carré en centre-ville. L’immobilier de la capitale compte pour beaucoup dans l’investissement des étrangers, notamment dans les quartiers très prisés et très chic de Talbiye, Rehavia ou de la Colonie allemande. Il représente un bon investissement, une valeur sûre en hausse constante. Les nouveaux projets immobiliers luxueux fleurissent. Cependant, la superficie moyenne des apparentements à Jérusalem est de 72 mètres carrés. La plus grande concentration de petits apparentements se situe dans le secteur ultra orthodoxe, à Nahlaot, Kiryat Menahem et Ir Gannim, ainsi que dans les secteurs non juifs de la ville comme Silwan ou Jebel Mukabbar.

Autre équipement important, à Jérusalem, on estime à 206 voitures (dont 160 véhicules privés) pour 1.000 habitants (chiffres 2002).

Activité économique
Les atouts démographiques et spatiaux (superficie urbaine de 126 km²) ont contribué au développement de la capitale israélienne. Au niveau de l’économie industrielle, parmi les principales productions de Jérusalem se trouvent la pharmaceutique et la chimie, les produit de métaux (13,7%), l’électronique et l’imprimerie (23,5%). Selon la chambre de commerce franco-israélienne, Jérusalem a connu ce dernier quart de siècle une avancée économique importante. Alors que dans les années 90, Jérusalem ne disposait que d’une trentaine d’entreprises de pointe, elles sont huit fois plus nombreuses aujourd’hui. La création autour de la capitale de plusieurs zones industrielles - au nord (Atarot), à l’ouest (Guivat-Shaoul) et au sud (Talpiot) - de centres spécialisés comme celui pour les “industries basées sur la science” à Har Hozvim au nord de la ville ainsi que le “parc technologique” dans le quartier de Malha au sud pour les industries dites propres ont favorisé le boom économique. Ces sociétés de pointes fabriquent notamment du matériel médical et chirurgical sophistiqué comme les scanners et les lasers qui font la réputation technologique d’Israël dans le monde entier.
Depuis 2005, la capitale affiche une reprise de la croissance et de l’embauche. De nombreux postes d’ingénieurs commerciaux, de responsables de la sécurité informatique, de chimistes et biologistes, d’experts en téléphonie ou encore des spécialistes en technologies du Web restent encore vacants, faute de candidats.
D’après l’économiste franco-israélien Jacques Bendelac, Jérusalem cherche aujourd’hui à rompre avec son image de capitale administrative. Elle essaie d’attirer des entreprises de high-tech en leur offrant une main d’œuvre spécialisée, des surfaces commerciales à des prix attractifs et des avantages fiscaux. Classée comme “ville prioritaire” pour les investissements, Jérusalem connaît un essor de près de 190 entreprises de high-tech et 60 de biotechnologie (25% de la production nationale), employant en tout une dizaine de milliers de personnes (9% de l’emploi national dans les secteurs de pointe). La capitale offre à ces sociétés les avantages de la proximité de l’Université hébraïque, d’instituts de technologie ainsi que de centres médicaux et hospitaliers. Ainsi, de plus en plus de sociétés high tech quittent Tel Aviv pour Jérusalem. La zone industrielle de Har Hatzvin accueille plusieurs grandes sociétés internationales comme Intel, ou israéliennes comme Teva Pharmaceutical Industries, ECI Telecom, NDS, Sigma, AVX, Amdox. Les revenus annuels générés par ces industries avoisinent les 12.000 millions de shekels, alors que leurs exportations rapportent plus de 7.500 millions de dollars.
Jérusalem accueille également des forums économiques tels le ‘’Global Summit for Young Jewish Innovators’’ et un grand nombre de conférences (jusqu’à 66 par an).

Le tourisme
Ce secteur reste une des principales activités lucratives : Jérusalem concentre près de 70 hôtels ce qui représente près de 9.000 chambres. En 2005, elle a attiré d’ailleurs 31% de l’ensemble des visiteurs, loin devant Tel-Aviv (24%) et d’Eilat (11%) grâce notamment aux pèlerinages de tous ordres.
Les années 2000, 2007 et 2008 sont des années records au niveau du taux de remplissage des hôtels. Du fait de son statut particulier et unique, Jérusalem draine des hordes de touristes venus des quatre coins du monde visiter les nombreux lieux historiques ou religieux. Chacun peut y découvrir une expérience spirituelle unique.


Noémie Grynberg 2008

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