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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Israel se développe en télémédecine

Telemedecine En Israël, se pencher sur le secteur de la santé en ligne, c'est comme se projeter dans le futur. Les solutions numériques qui, en Europe, pourraient émerger dans le paysage thérapeutique d’ici 5 ou 10 ans, font déjà partie de la vie quotidienne locale. Assurément, la révolution digitale impacte profondément les relations médecins/patients. Au cours des décennies à venir, les contacts personnels deviendront moins fréquents et les échanges entre malades et professionnels se feront de plus en plus par le biais de dispositifs électroniques.

L’ère numérique a marqué une révolution dans la manière dont les hôpitaux traitent leurs patients, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de leurs installations médicales. En Israël, tous les établissements publics et les grands centres privés du pays sont informatisés depuis longtemps et utilisent la communication électronique entre malades et soignants. De ce fait, toutes les interactions de santé sont assistées par un système électronique complet. Par conséquent, lors des visites de patients chez le médecin, l'ordinateur devient un "tiers" indispensable de la consultation.

Un système de santé numérique très développé
Un des aspects innovants du système de santé israélien est la télémédecine - diagnostic et traitement à distance des patients au moyen de la télématique – ainsi que l'adoption des TIC (technologies de l'information et de la communication). En effet, la structure-même du système de santé, allant du Ministère aux caisses d’assurance maladie, offre un grand éventail de nouveaux procédés et de soins intégrés, en particulier pour les patients atteints de maladies chroniques. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la plupart des traitements est prise en charge par un large éventail de technologies, telles que les dossiers personnels électroniques et les dispositifs biométriques via les téléphones portables ou les courriels. Les références cliniques informatisées des patients – allant des résultats d’analyses, imageries médicales et ECG, à la dernière visite à l’hôpital - sont enregistrés numériquement depuis près de vingt ans. Tous les praticiens et la plupart des autres soignants utilisent un fichier médical en ligne ou connecté au système central de Santé. Ainsi l'échange de données entre les services, fonctionnant en boucle fermée, s’avère presque total.
De la sorte, les quatre grandes caisses maladies (Clalit, Maccabi, Leumit et Meuhedet) donnent toutes à leurs membres un accès Internet concernant leurs propres informations médicales : visites chez le médecin, médicaments achetés, IRM et autres diagnostics. En outre à Maccabi, la deuxième plus grande caisse maladie israélienne qui a lancé sa stratégie de télémédecine en 2008, le praticien a également accès au dossier médical électronique de son patient via un téléphone mobile.
Par ailleurs, des alertes et des rappels proactifs sont proposés aux souscripteurs des caisses maladies, sur la base de leurs informations médicales et des protocoles élaborés par les plans Santé. Notamment pour l’ordonnance de médicaments, il existe un système automatique d’alerte en cas d’allergies ou de contre-indications potentielles.
Autre exemple d’innovation télémédicale : le MOMA, centre d’appel multidisciplinaire fondé en 2012 par Maccabi. Cet organisme offre des soins en ligne aux personnes souffrant de diabète, de MPOC (maladie pulmonaire obstructive chronique), d’insuffisance cardiaque chronique, de cancer, de stomie (déviation chirurgicale d'un conduit naturel), de plaies endémiques ou nécessitant des soins à domicile.

À la pointe de la médecine digitale
En Israel, le phénomène de la télémédecine relève en partie de la forte culture d’innovation de la Start-up Nation. Aussi, après deux décennies d’investissement, l’Etat Shebahébreu se trouve-t-il à la pointe de la médecine digitale grâce à des centaines de startups qui développent des solutions dans ce domaine et attirent d'importants capitaux. Il n’est donc guère surprenant que le paysage de la médecine à distance israélienne soit considérablement plus avancé que dans beaucoup d’autres pays. TytoCare, par exemple, propose d’effectuer à la maison des examens courants de la gorge, des oreilles, des yeux, de la peau et des poumons. Les résultats sont transmis en direct à un médecin. Healthy.io suit un principe similaire, cherchant à éviter aux patients de subir de longs examens de laboratoire. Aussi, les bandelettes-test pour les analyses d’urine sont-elles envoyées au domicile du malade. Les résultats sont photographiés avec un smartphone et une application associe ensuite le cliché à une base de données dans le cloud. Pour sa part, le programme de télémédecine cardiaque de l’hôpital Sheba de Ramat Gan propose aux patients une montre intelligente avec une plate-forme de soins à distance. Le dispositif est chargé avec une application spéciale pour les malades en rééducation cardiaque.
Tous ces développements de nouvelles technologies médicales à distance présentent un avantage non négligeable pour les malades : le confort de rester à la maison et d’être soignés à domicile.

Prospectives innovantes
Cependant l’amour de l’innovation n’est pas la seule cause de l’engouement pour la télémédecine. La relative pénurie de praticiens et de personnel infirmier en Israël encourage aussi l’essor de la discipline pour pallier le manque d’effectif. Du fait qu’il n’y a pas assez de lits d’hôpital ou de fournisseurs de soins médicaux pour accueillir la population croissante du pays, la télésanté peut contribuer à atténuer cette situation de crise. De cette manière, l’hôpital Sheba prévoit d’ici 2025 de digitaliser les soins prodigués aux patients à domicile grâce à des infirmières virtuelles et à l’utilisation d’applications permettant une surveillance constante à distance. Pour le Professeur Itzhak Kreiss, directeur général du Centre Médical, une approche thérapeutique digitale permettra de soigner un nombre bien plus important de personnes dans de meilleures conditions. Et comme l’explique le Docteur Itamar Offer, directeur général de Sabar health, « l’hôpital à domicile est une vision du futur que nous devons construire maintenant ».
Du reste, en mars 2018, le gouvernement israélien s'est fixé pour objectif de faire de la santé numérique un moteur de croissance national. Le but : la création d'une base de données cliniques génomiques qui permettrait la Recherche & Développement de produits faisant progresser la médecine personnalisée. Le programme a déjà commencé à fonctionner sur plusieurs fronts : la mise en place d’une infrastructure nationale de Big Data pour la R&D ; le développement de la télémédecine basée sur l’IoT (Internet des objets), la synchronisation des processus inter-organisationnels (comme la prise de rendez-vous) et une nouvelle version d’échange d’informations médicales entre professionnels au sein du système de santé. Selon les prévisions, d’ici à 2030, le Big data et les outils avancés d’analyse de données permettant des décisions thérapeutiques seront pleinement opérationnels.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2019

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