Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Israel – Japon : un regain de coopération économique

JaponBien que jusqu’aux années 1990, le Japon se soit montré le pays développé approuvant le plus les demandes arabes de boycotte d’Israël, l’intérêt mutuel des deux pays connait actuellement un nouvel essor.

Dès 1952, les échanges commerciaux relativement importants entre Jérusalem et Tokyo débutent avec l'établissement de leurs relations diplomatiques. Israël ouvre une légation au Japon et en 1955, une légation nipponne avec un ministère plénipotentiaire s’ouvre à Tel-Aviv. En 1963, elles deviennent des ambassades.
A l’époque, Israël exporte principalement vers l’archipel du Pacifique des diamants polis, des fruits, des machines, des appareillages électriques et des produits chimiques. La balance commerciale reste relativement équilibrée entre les deux pays (autour de 1,5 milliard de dollars d'exportations des deux côtés) jusque dans les années 90 où elle se dégrade en défaveur d’Israël, notamment en raison des importations de produits électroniques, d’automobiles et de robots industriels. En 1993, le programme d'échange intellectuel Israël - Japon est créé par le Japan Center for International Exange (JCIE) de Tokyo et l'Institut Van Leer de Jérusalem, en réponse aux demandes des gouvernements de promouvoir un dialogue accru et des échanges de savoir entre les deux partenaires.
En 2011, les plus grands exportateurs israéliens au Japon sont Iscar, Teva Pharmaceuticals, Orbotech, Dead Sea Industries, Netafim, Haïfa Chemicals et Comverse qui possèdent pour la plupart des usines sur le sol nippon. Depuis, d’autres industries hébreues s’y sont installées comme Max Brenner, Laline, Ahava, Sabon, Michal Negrin, ainsi que des sociétés de logiciels telles Check Point.
En juillet 2012, le pays du Soleil Levant décide de faire appel à des experts israéliens pour reconstruire Fukushima, ville que le séisme et le tsunami ont ravagée. Cette reconstruction est placée sous le signe des clean-Tech ou écotechnologies, domaine florissant en Israël.
Jusqu’en 2013, les exportations de l’Etat hébreu vers l’archipel asiatique tournent autour de 810 millions $US et celles du Japon vers Israël atteignent, elles, un montant de 1,3 milliard $US.
En février 2014, la troisième puissance économique mondiale manifeste un regain d'intérêt pour la technologie israélienne avec le rachat de la start-up Viber par le géant Rakuten, première plateforme de commerce au Japon. Les 900 millions de dollars déboursés pour l'acquisition de la jeune entreprise qui a développé un logiciel de messagerie texte et vidéo pour ordinateurs et téléphones portables, met un coup de projecteur sur les possibilités de coopération technologique. Car Tokyo voit un grand intérêt à collaborer avec l’Etat hébreu afin de rattraper son retard relatif dans les domaines d'Internet. Pour sa part, la Chambre de commerce Israël-Japon travaille à convaincre quelques géants de l'industrie nipponne, tels que Panasonic, Toshiba ou Toyota, de venir implanter directement des centres de Recherche et Développement en Israël. Pour cela, elle organise divers séminaires culturels et commerciaux, des échanges de délégations, ainsi que des conférences et des événements. Elle informe ses membres, les conseille et les assiste dans la formation, la coopération ou le partenariat entre gouvernements, sociétés privées et entrepreneurs. Côté israélien aussi, les industriels ont tout intérêt à resserrer les liens. De nombreuses entreprises bleu/blanc à la pointe au niveau mondial espèrent trouver des débouchés supplémentaires au Japon, notamment dans les secteurs de la sécurité informatique, du matériel médical, des médicaments ou de la désalinisation de l'eau.
Ainsi début mai, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou fait une visite de quelques jours au pays du Soleil Levant. Les entretiens avec son homologue nippon portent sur le renforcement de la coopération économique entre les deux pays. Netanyahu se concentre sur les développements technologiques israéliens, en particulier dans les domaines de la cyber sécurité, de la conservation de l’eau, des énergies alternatives et de la biotechnologie. Il tente de dissiper les craintes de « faire affaire avec Israël, c'est se faire boycotter par les pays arabe » et parvient à signer un nouvel accord de partenariat économique. « Il existe un point commun entre nous. Nous sommes tous deux des sociétés démocratiques concentrées sur les progrès technologiques. Vous faites face à un régime voyou doté d’armes nucléaires, la Corée du Nord, et nous sommes confrontés à la même menace avec l’Iran, un autre régime voyou qui souhaite posséder des armes nucléaires. Ils coopèrent, alors nous devons aussi coopérer et je tiens à vous féliciter d’entretenir la flamme de l’amitié israélo-japonaise qui grâce à nos efforts communs devient de plus en plus vive » déclare alors Netanyahu. Sur l’archipel, le Premier ministre israélien rencontre également les plus hauts gradés militaires du pays. En effet, le Japon vend des armes à Israël bien que personne ne connaisse vraiment l’étendue réelle de ce commerce.
Enfin en juillet dernier, l'Etat hébreu signe avec Tokyo un accord en matière de recherche et développement. Cet accord est conclu par le ministre japonais de l'Economie, Toshimitsu Motegi, venu en Israel à la tête d'une délégation de chefs d'entreprise. « Nous poursuivons nos efforts pour renforcer les liens économiques avec les pays d'Asie de l'Est (...) avec notamment la signature de cet accord de soutien mutuel dans le domaine de la recherche et du développement entre Israël et le Japon », déclare à ce propos le ministre israélien de l'Economie, Naftali Bennett (Habayit Hayhoudi). « Cet accord marque un changement de cap radical dans la politique japonaise et ses relations économiques avec Israël », ajoute-t-il. Toujours selon Bennett, ce dit contrat aidera les compagnies israéliennes à s'ouvrir aux marchés nippons.
Aussi, grâce à la coopération israélo-japonaise, la balance commerciale d’Israël avec le Japon pourrait bien se rééquilibrer.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2014

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam