Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Au pays où coule le lait et la hi-tech

L'industrie laitière israélienne fait partie intégrante de l'économie nationale et constitue la plus grande industrie alimentaire du pays. La production globale qui Produits laitierscomprend toute la gamme de produits, représente 10% de la valeur totale du secteur agricole en Israël et environ 60% de la consommation quotidienne de calcium par personne.

L'industrie laitière israélienne résulte de la situation politique et géographique du pays. Au début du jeune Etat, il lui était nécessaire de devenir alimentairement autonome et de créer des produits casher. La genèse de la filière a commencé avec le kibboutz. Au fil des ans et de l’évolution économique du pays, le secteur s’est peu à peu privatisé. Actuellement, il existe deux systèmes d'exploitation : le kibboutz, grande ferme collective, et le mochav, société coopérative. Aujourd’hui, la taille moyenne d'un troupeau de vaches laitières est de 250 à 300 têtes, les plus grands pouvant atteindre 1 000. Il existe également un certain nombre de petites exploitations familiales comptant en moyenne 50 à 60 bêtes. La consommation laitière nationale par habitant est estimée à 179 litres par an. Parmi tous les laitages, le cottage s’avère sans conteste le favori des Israéliens.

Un défi cultural
Qu'il s'agisse de ravitailler les animaux avec des produits végétariens « recyclés », de cultiver du fourrage avec de l'eau retraitée ou de réutiliser le fumier dans les champs, Israël est devenu un modèle pour les industries laitières mondiales malgré le manque d'eau et de terres arables.
Environ 100 000 bovins composent le cheptel national. Le Golan recense à lui seul 5.000 vaches laitières avec une production annuelle de 60 millions de litres. Le pays n’ayant pratiquement pas de pâturage, la nutrition des troupeaux repose essentiellement sur un dosage d’aliments déterminé par une analyse informatisée. Le bétail est nourri selon une méthode mélangeant de l'ensilage, de l'herbe et du concentré de nombreux ingrédients comprenant des céréales, principalement l'orge et le maïs, le gluten de maïs, les farines de canola, de coton, de tournesol, d'arachide et de poisson. Environ la moitié des ingrédients sont importés.
Par contre, en ce qui concerne le lait biologique, l’Etat hébreu a encore un long chemin à parcourir. Harduf, avec ses 200 vaches, est la seule laiterie biologique du pays et la demande en lait biologique reste faible. Mais le Centre Volcani, institut de recherche agricole situé à Rishon LeTsiyon, développe ce secteur.

Une production record
Malgré des conditions défavorables, notamment la chaleur, l’humidité et des ressources naturelles limitées, l'industrie laitière israélienne est l'une des plus productives et avancées de la planète.
Dairy cowsAu fil des ans, utilisant des techniques innovantes d’amélioration génétique, les scientifiques du pays ont créé la race Holstein israélienne, sélectionnée pour ses rendements élevés, sa résistance aux maladies et sa capacité d'adaptation au climat méditerranéen. Tout troupeau est inséminé artificiellement avec du matériel génétique de haute qualité, également exporté dans le monde entier.
Les vaches laitières du pays, nourries à l'ensilage et aux céréales, sont les plus productives de la planète bien qu’elles ne paissent pas. Alors pour remplacer les prés, le régime des bêtes est basé sur des rations d’aliments calculées pour obtenir la valeur nutritionnelle, les taux de production et le rendement économique les plus élevés.
La forte productivité laitière d’Israël tient également à la création de conditions optimales dans la traite. Les agriculteurs utilisent les équipements les plus novateurs, notamment les systèmes de gestion informatisés de haute technologie développés localement et les équipements de laiterie, vendus à l’international.
Avec une traite trois fois par jour, l'industrie laitière blanc/bleu produit aujourd'hui le meilleur rapport laitier par vache et constitue un modèle de réussite pour les producteurs du monde entier. En effet, la production moyenne par animal a considérablement augmenté depuis les années 50, passant de 4 000 litres par an à plus de 15 000 en 2018, soit 42 litres par jour et par vache. Sans oublier les environ 30 millions de litres de lait de brebis et de chèvre par an.
Toute la production laitière est étroitement supervisée et contrôlée par le Comité israélien des produits laitiers qui appartient et est géré par le gouvernement israélien, les principales entreprises de transformation et les producteurs laitiers eux-mêmes. En vertu de la Commission laitière israélienne, les éleveurs sont soumis à des quotas mensuels pour répartir le volume annuel de production de lait, soit 1 613 millions de litres. En outre, afin d'encourager la traite estivale qui diminue à cause de la chaleur, la Commission offre aux agriculteurs un prix plus élevé à cette période de l'année.

Une technologie de pointe
En Israel, l’approche générale de la filière laitière est industrielle et non artisanale. Les systèmes informatisés de traite, d’alimentation et de rafraichissement des vaches aussi bien que le matériel de traitement du lait, associés à des techniques de gestion agricole uniques, ont amené l’industrie laitière israélienne à devenir le leader mondial en matière d’efficacité, d’exploitation et de durabilité.
Le développement de la hi-tech a mené à la conception de logiciels de gestion informatisée des fermes. Ce système permet par exemple de mesurer la lactation et la fertilité des vaches. Chaque animal dispose d’une puce renfermant toutes les données le concernant. Ainsi, le lecteur informatique fournit directement au fermier à tout moment, les informations nécessaires transmises sur son ordinateur, sur son agenda électronique ou son téléphone mobile. Ce procédé équipe la quasi-totalité des fermes laitières en Israel.
De la sorte, les technologies 2.0 élaborées dans le pays sont mises en œuvre dans toute la chaine de production, résultant en un ensemble de pratiques entièrement automatisé et calculé qui garantit un contrôle strict de qualité.
Du point de vue écologique, les producteurs israéliens et le Centre Volcani ont créé un nouveau système en boucle fermée qui aide l'industrie à mieux préserver l'environnement afin d'éviter les odeurs et les mouches provenant des étables. Par ailleurs, les vaches israéliennes produisent 40% moins de méthane – gaz considéré comme le principal facteur du réchauffement planétaire - que celles d'autres contrées. C’est pourquoi, les pays développés s’intéressent à l’efficacité de ces techniques de même qu’à la façon dont la haute technologie surveille la santé, la nutrition et le bien-être des animaux. Par exemple, les Israéliens sont les leaders mondiaux en matière de rafraichissement des vaches avec des ventilateurs écoénergétiques et de l'eau vaporisée. Ou encore, des tests ultra-sons utilisés par l’éleveur pour contrôler un changement dans la qualité du lait.


Noémie Grynberg 2019

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