Pluie sur Tel-Aviv

Pendant les 4 jours de pluie battante, je ne suis pas sortie de chez moi. Je regardais le ciel sombre et bat. Je pensais à Noé assistant au même spectacle pendant 40 jours, me disant qu’il était bien courageux. J’ai demandé à mon mari si nous devions construire une arche, nous aussi. Car de mémoire d’immigrante, je ne me souvenais pas d’une tempête si interminable. Au moins à la maison, j’étais au sec, soit, quoi que… A cause des problèmes techniques de la Société d’Electricité, pas assez de puissance pour faire fonctionner le chauffage vendredi. Du coup, les plombs ont sauté. Ensuite, pas d’eau chaude pour se doucher malgré l’allumage du chauffe-eau. Sans compter que dans mon bel appartement, aucune fenêtre n’est étanche ! Ainsi, la pluie a ruisselé à l’intérieur, le long des murs, inondant le sol, mouillant la literie, les rideaux. Que du bonheur. Heureusement, le plafond du salon n’a pas suinté. C’est déjà ça. Le soir, à travers mes grandes baies vitrées, je voyais d’impressionnants éclairs déchirer le ciel et illuminer soudain mon petit logis paisible. Dans ces conditions climatiques extrêmes, j’ai passé Shabbat sous la couette à tenter de me réchauffer. Pour le coup, les plantes de la terrasse ont été arrosées bien plus que nécessaire. Et surtout, mon quartier d’habitude si poussiéreux, aura été lavé de la saleté. Je vois enfin la couleur verte des arbres. Je croyais qu’ils étaient définitivement gris, à force. Quant à mon mari, bravant les éléments, il s’est enquis du bien-être des oiseaux des environs en les pourvoyant en miettes de pain, les pauvres petits. Connaissant déjà la bonne adresse, ils sont venus se ravitailler avant de s’envoler pour s’abriter ailleurs. Samedi soir aux informations, le service météorologique a bien confirmé : une telle tempête ne s’était pas produite depuis 130 ans ! Ah, c’est bien ce que je me disais…

Noémie Grynberg 2013