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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Azaria Alon, le "Monsieur Nature" d’Israël

Alon AzariaConsidéré comme le père de la conservation de l'environnement en Israël, Azaria Alon a joué un rôle déterminant dans la création de la Société pour la protection de la nature (SPNI). Auteur prolifique, il a écrit de nombreux guides sur le pays dont un sur le luxuriant site d'Ein Guedi, la plus grande oasis à l’ouest de la mer Morte.

Spécialiste incontesté des paysages d’Israel, Azaria Alon, le "Monsieur Nature" national, a parcouru le pays de long en large, connaissant les moindres détails de sa faune et de sa flore. Pour lui, l'Israël d'aujourd'hui s’avère fondamentalement semblable à celui de la Bible : « Non seulement les collines et les vallées intemporelles sont restées telles qu'elles mais la végétation qui les entoure est la même, ainsi que les animaux en général. »

Une vie dédiée à la préservation du patrimoine écologique
Azaria (Kozirobski) Alon nait à Volodarsk, en Ukraine, en 1918. Dans les années vingt, son père est arrêté en raison de son activité sioniste et menacé d'être expulsé. Immigrant alors en Palestine en 1925, la famille s'installe à Kfar Yehezkel, un moshav dans la vallée de Jezréel. La vie en pleine nature suscite un grand intérêt chez l’enfant. Il cueilli des plantes sauvages et essaye de les faire pousser à la maison. Il s’intéresse de même aux oiseaux. En 1932, la famille déménage à Kiryat Haim, une banlieue de Haïfa.
Jeune homme, Azaria devient éducateur puis moniteur au sein d’un mouvement de jeunesse. À l'âge de 20 ans, il retourne dans la vallée de Jezréel pour s’installer définitivement au kibboutz Beit HaShita où il occupe de nombreuses fonctions successives : charretier, forestier, travailleur agricole. Il sert aussi dans le Palmach et parcours le pays. A la guerre d'Indépendance, Alon est enrôlé dans l’armée et participe à plusieurs batailles.
Après 1948, son kibboutz l'envoie se former en tant que professeur de biologie. Alon qui veut être agriculteur accepte pourtant la proposition et fait de brillantes études universitaires. Dépêché dans le Néguev, il se rend compte que le développement du désert met la nature en danger. Avec son compagnon d’étude, Amos Zehevi, il décide de créer un organisme qui prend en charge ce problème.
En 1951, les deux partenaires fondent la SPNI. Deux ans plus tard, celle-ci est officiellement enregistrée en tant qu'association. Dans le cadre de l’ONG, l’écologiste lance en 1953 une campagne visant à prévenir le drainage des zones humides de la vallée de Hula pour les besoins de l’agriculture.
La même année, les deux amis font également passer la loi sur la protection de la nature qui conduit à la création de l’Autorité des Réserves naturelles (NPA). Alon y joue un rôle déterminant, cartographiant les parcs nationaux d'Israël et menant de nombreuses opérations pour sauver la faune et la flore sauvage d'Israël.
Parallèlement, Alon travaille au kibboutz comme enseignant en biologie et comme guide.
En 1954, le naturaliste commence à écrire des articles sur son sujet de prédilection dans le journal ‘’Lamerhav’’ et ce, jusqu’à sa fermeture en 1971.
En 1959, le défenseur de la nature lance son programme de radio intitulé ‘’Le paysage de notre pays’’ sur Kol Israel. Son émission diffusée pendant 55 ans constitue un exploit de longévité inscrit dans le livre Guinness des records. Ses quelques 2600 conversations enregistrées seront regroupées et éditées en plusieurs livres.
Azaria Alon Bible
En 1969, Alon est nommé secrétaire général de la Société de protection de la Nature. Il reste à ce poste jusqu’en 1977. Sous sa gestion, l’ONG accroit considérablement ses activités éducatives auprès du public, notamment dans les écoles et les jardins d'enfants. Une campagne d'information visant à interdire la cueillette de la flore sauvage y est largement diffusée. Au fil des ans, la campagne de protection de la végétation commence progressivement à porter ses fruits et à produire des résultats concrets. Les espaces naturels qui avaient été vidés de leurs fleurs se mettent à s’épanouir de nouveau, les iris et les tulipes qui étaient en voie d'extinction recommencent à proliférer.
De plus, Alon met en place un réseau de 25 écoles agricoles dans tout le pays et publie un journal tous publics sur la nature et l'environnement. Toute ceci sans budget ni publicité, uniquement grâce aux efforts dévoués des bénévoles.
Au bout de huit ans, le secrétaire général de la SPNI démissionne de son poste mais continue à jouer un rôle clé dans l'ONG, dont celui de Président. Par ailleurs, il devient membre de la NPA, ainsi que du Conseil national de la planification et de la construction.
En 1980, Alon est invité à devenir éditeur de l'Encyclopédie de la flore et de la faune d’Israël. Pour cet énorme travail de recensement, le naturaliste dirige une équipe de 150 spécialistes des sciences de la nature. Au bout d’une décennie, la tâche aboutit à une compilation en 13 volumes. L’entreprise s’avère un véritable succès de librairie. Des dizaines de milliers d'exemplaires s’arrachent.
Alon Azaria fleurs
Par ailleurs, Alon publie des ouvrages de photographies sur la nature et les paysages, des guides, des livres pour enfants et des manuels scolaires. Beaucoup sont traduits en arabe, en anglais et en russe.
Les vingt dernières années de sa vie, le naturaliste les passe à enseigner un cours sur la connaissance des paysages d’Israel à la Faculté d'architecture du Technion de Haïfa. Il transmet ainsi aux futurs architectes, urbanistes et paysagistes comment allier développement national et préservation de la biodiversité locale.
En 2012, Alon est récompensé par le prix Israël pour sa contribution au pays et à la société. Deux ans plus tard, il décède au kibboutz Beit HaShita à l’âge de 95 ans.

Le père de l’écologie israélienne a légué son héritage aux générations futures en leur inculquant l'amour de la nature, sa beauté et de quelle façon la conserver. « La préservation de la nature et de l'environnement fait partie de ma culture générale », disait ce fervent sioniste et passionné d'Israël. « C’est un combat pour l'image du pays ».


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2017

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