Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Tel-Aviv, une ville en constante évolution

Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais, mérite bien son surnom. Vivante, dynamique, bouillonnante, elle est en perpétuel mouvement. Elle fait partie des villes tendances, jeunes, ethniques, cosmopolites. Ces dernières années, ce centre économique et cœur culturel d’Israël, figure parmi les destinations préférées des vacanciers du monde entier. Ce n’est pas pour rien qu’elle est jumelée à 26 municipalités de par le monde : Europe, Amérique, Asie. De la ‘’branchitude’’ à la ‘’coolitude’’, la cité blanche offre un lieu idéal pour passer l’été, escale incontournable des noctambules de la planète.

Tel-Aviv se développe dans tous les sens. Elle semble pousser à toute allure, à l’étroit sur ses 14 km de littoral. Avec ses nombreux restaurants, cafés, salles de spectacles, la ville centenaire est énergique, certes, mais commence à se défraichir. Certains secteurs deviennent limite lépreux. Les quartiers sud et centre demandent à être ravalés. La fameuse zone de Neve Tzedek doit également être rénovée et subir un changement urbanistique significatif. Bref, Tel-Aviv n’en finit pas de se renouveler.

Une ville en rénovation
‘’La bulle’’ porte bien son nom. Depuis une dizaine d’années, elle connaît une effervescence immobilière sans précédant. La flambée de l’immobilier y semble illimitée. Au centre et au nord de la ville, les gratte-ciels, principalement construits dans la décennie, ont poussé comme des champignons. La localité en compte une cinquantaine, sans compter les futures tours à venir. Attirant toujours plus de population (jeunes, actifs, émigrés), Tel-Aviv parait livrée aux promoteurs et aux marchands de sommeil de tous bords car elle manque cruellement de logements neufs et salubres. Il faut dire qu’une bonne partie du parc immobilier existant est délabré et vieux. Alors la ville voit fleurir nombre de nouveaux projets. Les appartements de luxe se multiplient.
Comme il n’existe pas de plan global de rénovation de la ville, chaque coin est retapé séparément. La Ville Blanche est de moins en moins blanche et de plus en plus bigarrée. Au milieu de vieux bâtiments surgissent des immeubles modernes aux styles hétéroclites. Le nouveau quartier nord ‘’Kohav hatsafon’’ (l’étoile du nord), à quelques pas de la plage, du Parc Hayarkon et du Port de Tel-Aviv, vient de se terminer. Au sud, les zones comme Neve Tzedek ou Florentine - le Soho de Tel-Aviv - sont rénovés, rafraichis. Les nouveaux bâtiments émergent et les anciens sont ravalés. A l’origine quartier artisan et toujours industrieux, Florentine se veut le Neve Tzedek de demain. Il s’est mué en lieu à la mode où se mêlent cafés branchés et centres culturels. Les ‘’4 Florentine’’, prochain ensemble d’immeubles d’habitation d’exception, est en plein travaux. Il s’inspire du style de l’ancien quartier où se mélangent diverses cultures et modes de vie. Quant à la section Haargazim, elle comptera elle aussi bientôt un parc de 500 appartements neufs.
En plus des logements, la ville prévoit l’édification de deux nouveaux hôtels. En effet, séduisant chaque année toujours plus de touristes, 600 chambres seront construites rue HaYarkon et 220 à la place de l’actuelle station de police avenue Dizengoff.

Art et villégiature
A Tel-Aviv, il n’y a pas que l’habitat qui se rénove. Les infrastructures aussi. A partir de cet été,  les 13 plages de la ville seront sécurisées par vidéosurveillance.
Côté ballades, depuis mars dernier, la rivière du Yarkon, dépolluée, est à nouveau ouverte pour les tours en barque. Et les 2,5 km de la Promenade centrale devraient bientôt être rénovée ainsi que ses cafés et ses services publics.
Lieu privilégié de détente, le nouveau port de Tel-Aviv attend aussi quelques aménagements. La mairie envisage un plan maximisant la profondeur du bassin et agrandissant les quais pour permettre à la nouvelle marina d’accueillir au moins 100 grands yachts mesurant une dizaine de mètres de long. Les plus gros navires pourront accoster à l’entrée de la rade.
D’ici là, cet été, le Port propose toute une série d’événements : yoga sur la jetée, festival "Jeux de notre enfance", spectacles de danse et ligue de Footvolley. Tout au long de la digue nord, le Port de Tel-Aviv offrira différents espaces ludiques et plaisants : jeux de réflexion et de stratégie pour petits et grands (jacquet, échecs, dames, jeux de l'oie, twister, marelle, mikado, dominos, etc.), tournois, activités pour enfants, exposition.
De plus, en juillet-août, pour fêter l'entrée du Shabbat, la rade de Tel-Aviv en partenariat avec Beit Tfila Israëli, convie chaque semaine le public à des Kabbalot Shabbat festives et magiques face à la mer, au coucher de soleil, accompagnées de prières et de chants.

Tel-Aviv demeure aussi la serre de l’art israélien. Le célèbre théâtre national Habima, agrandi, dévoile maintenant sa nouvelle façade en verre, révélant ses deux escaliers et sa mezzanine. Son parvis a également subi un réaménagement. Les places de stationnement en plein air ont été remplacées par un parking souterrain. L’esplanade compte désormais des zones ombragées, un jardin en contrebas et un bassin.
Le projet d’un ‘’musée ouvert’’, entre les rues Bialik et Idelson, comprend des bâtiments municipaux classés à rénover en vue de devenir d’authentiques centres culturels contemporains avec un musée historique exposant l’héritage culturelle de Tel-Aviv dans différents domaines : design, art, littérature, musique, théâtre, architecture, histoire de la ville, mode, etc. Cet ensemble a d’ailleurs été déclaré par l’UNESCO patrimoine culturel mondial. C’est pourquoi la mairie de Tel-Aviv aide à sa réhabilitation.

Nouvelle gestion des transports
A l’instar de Paris, Londres et New York, la mairie de Tel-Aviv a décidé de regrouper la gestion des transports en commun de la ville et de sa banlieue au sein d’une Régie métropolitaine s’étendant à toutes les localités de la région Goush Dan. A partir du 1e juillet, cette nouvelle autorité a pris en charge toutes les formes de transports publics régionaux de la région Centre : lignes des différentes sociétés de bus qui se partagent le trafic, réseau ferroviaire régional, entretien des ponts et tunnels. De plus, cette nouvelle gérance devrait permettre d’accélérer la création du tramway de Tel-Aviv qui n’a pas encore démarré.
L’idée de métro, pour sa part, a été momentanément abandonnée pour cause de crise financière mondiale. Le plan devrait ressortir de ses cartons d’ici la fin de l’année si tout va bien. Le réseau de 22 km prévoit 7,5 km souterrains et 32 arrêts dont 11 sous terre. En tout, quatre lignes devraient desservir la métropole.
Quant au train, il faudra attendre 2017 pour que le futur projet de la ligne Tel-Aviv – Jérusalem relie les deux principales agglomérations israéliennes en 35 minutes.
Pour l’heure, la mairie pense aussi aux voitures. Avenue Rothschild, un immense parking souterrain se creuse avec au final, le projet d’un centre commercial au-dessus.

Une ville écologique
Tel-Aviv connaît un regain d’intérêt pour le cyclisme urbain. La ville des deux roues est couverte de bornes à leur disposition. Il y en a partout. En effet, depuis 3 ans, la mairie vise l’objectif de réduire la pollution atmosphérique des émissions de gaz de 50% d’ici 2014. Alors, en attendant les premières voitures électriques prévues pour août prochain, de nombreux citadins ont choisi de se déplacer en ville en vélo, plus pratique et moins cher que l’automobile. Le conseil municipal a d’ailleurs augmenté le budget pour la construction de près de 40 km de nouvelles voies cyclables pavées, dont beaucoup le long des rues principales. Pour celles déjà existantes, la ville met progressivement en place un nouveau code couleur spécialisé sur les trottoirs, avec constructions de pistes séparées. Et dernier arrivé, tout nouveau, tout beau, le Tel-ofan (contraction de "Tel-Aviv" et "ofanaïm" – vélo en hébreu), version israélienne du Vélib, vient de débarquer dans la cité. Vert, il est à la couleur de l’écologie. En effet, ce concept de location de vélo urbain a été adopté dans le cadre du projet de dépolluer le centre-ville. Le Tel-ofan va également permettre de libérer des places de parking, de réduire les bouchons et d’assainir l’air de la cité. Toutefois pour l’instant, ces bicyclettes ne sont pas prévues à la location pour les touristes. Seuls les résidents peuvent en profiter. Actuellement, 75 stations de Tel-ofan ont déjà été installées à travers la ville blanche. On en attend 150 l'année prochaine. Le tarif d’un Tel-ofan est de 14 shekels par jour. L’abonnement hebdomadaire se monte à 60 shekels et le forfait annuel s’élève à 280 shekels. A noter que l’utilisation d’un Tel-ofan pendant une heure est gratuite. Mais pour le moment, on voit encore peu de citadins louer ces vélos. Chacun préférant utiliser le sien propre. Cependant, à terme, l’arrivée et le succès espéré du Tel-ofan devraient favoriser encore davantage le développement du réseau cyclable et améliorer à la fois sa signalisation et sa sécurisation.

Les projets d’aménagement de la place Dizengoff : un symbole… de polémique urbaine
La mairie de Tel-Aviv va consacrer 27,5 millions de dollars d’investissements locaux aux plans de rénovation et de réhabilitation de ses infrastructures et voies de communication. Ils comprennent notamment  le réaménagement prévu de la place Dizengoff (en plein centre de la Ville Blanche) incluant des travaux de conservation, signe que les politiques urbaines prennent désormais aussi en compte l’enjeu patrimonial.
La célèbre place Dizengoff - centre affairé de la rue du même nom au cœur de Tel-Aviv, est bordée de multiples cinémas, pubs, cafés et restaurants toujours pleins. La journée, les promeneurs viennent s’y reposer sur les bancs, au son des musiciens ambulants qui s’y produisent. Les mardis et vendredis, le marché aux puces où l’on trouve toute sorte de brocante, s’installe sous le pont.
Pourtant,  aujourd’hui la mairie discute du projet controversé de détruire la fameuse esplanade pour la rebâtir mais sans savoir encore au juste comment. La municipalité espère par là redonner à ce rond-point historique une part de son prestige perdu voilà des années. En effet, suite à sa surélévation en 1970 par l’ex maire Shlomo Lahat, pensant ainsi régler les problèmes de trafic urbain, le quartier autour de la place Dizengoff a en fait été dévitalisé.
Alors, les nouveaux plans de la ville veulent y recréer un grand espace vivant, avec de larges trottoirs et moins de bus. Ces réaménagements visent aussi à attirer de jeunes familles dans le quartier.
Mais le projet municipal ne fait pas l’unanimité. Les citadins sont divisés. Seuls 9% des Telaviviens sont d’accord avec les plans proposés par la mairie contre une majorité de 56% opposés à la descente de la place.
Polémique. Pour les partisans, le pont actuel doit disparaitre car il minerait l’activité commerciale du quartier. De plus, la nuit, il servirait surtout de lieu de rassemblement aux punks et autres gangs. Un des souhaits serait donc de revenir à la place d’origine, à même le sol. Mais cela entrainerait immanquablement des problèmes de trafic dans un centre ville déjà encombré. Une autre option envisagée serait de construire un parking sous la place, ce qui réglerait une partie du problème récurrent de stationnement.
Pour mettre tout le monde d’accord, la municipalité de Tel-Aviv a donc sondé l’avis de ses habitants quant à leurs préférences : rénover la place ou la raser et la reconstruire au niveau de la rue, avec option de parking souterrain. Le maire de Tel-Aviv, Ron Huldai, a déclaré qu’il honorerait le résultat du sondage quel qu’il soit. Ceci prouve en tout cas que les politiques urbaines prennent de plus en plus en compte les désidératas des citadins quant à la qualité de vie des zones urbaines.
Pour finir, une question se pose : que deviendra la célèbre fontaine Eau et Feu de Yaakov Agam, qui trône au milieu de la place depuis 1986 ? Selon le sculpteur, la municipalité lui aurait promis qu’elle garderait sa place quel que soit le plan d’aménagement retenu.

Sud de Tel-Aviv : une certaine anarchie en contraste avec les quartiers nord
Le sud de Tel-Aviv demeure populaire et moins florissant que les quartiers nord. De plus, depuis deux ans, le secteur a absorbé un flux massif d’émigrés et de clandestins. Cette situation a transformé quelque peu le visage de ces rues. Du coup, les Israéliens ont manifesté leur mécontentement devant ce qu’ils ressentent comme une invasion. Une sorte d’anarchie du parc locatif a vu se multiplier squats, appartements coupés en deux, trois, voire cinq, gourbis bricolés. Depuis 2008, une loi interdit la division de logis en studios indépendants. On estime cependant à 10.000 le nombre d’appartements fractionnés à Tel-Aviv, dus au manque chronique depuis 10 ans de logements dans la ville qui ne cesse de grossir et du prix de location qui ne cesse de grimper. En effet, l’opération s’avère juteuse : au lieu de louer 5000 shekels par mois un appartement de 3 pièces, en le divisant, le propriétaire peut en retirer 2 fois 3000 shekels ou 3 fois 2500 shekels. Devant l’ampleur du phénomène dans le sud de l’agglomération, la mairie a décidé d’agir et d’y mettre un peu d’ordre. Aussi des agents municipaux accrédités accompagnés d’un policier, cadastre en main, débarquent à l’improviste dans les immeubles pour inspecter les domiciles et vérifier leur conformité.  Depuis 2009, 400 appartements ont ainsi été dénoncés. Les propriétaires ont reçu de sérieux avertissements et ont été soumis à de fortes amendes (jusqu’à 150 mille shekels). L’électricité de ces logements illégaux a même été coupée sur ordre de la commune.

En direct de la mairie : les nouveaux plans des quartiers sud
Alors que le sud de Tel-Aviv ressemble encore à ses débuts, il paraissait désintéresser la mairie au profit des faubourgs nord plus modernes. C’était le cas notamment du terrain municipal de l’ancienne station centrale de bus qui s’étend sur une surface de 10 dounams, à l’abandon depuis près de 30 ans.
Dernièrement, la municipalité a enfin décidé de réhabiliter le terrain. Dans un premier temps, les bâtiments existants seront rénovés et transformés en salle de classe pour l’école d’art Minshar. Dans un deuxième temps, il est prévu d’agrandir l’école et de construire des édifices supplémentaires. Ce projet a pour but d’encourager le développement de ce secteur afin de devenir un centre citadin plus attrayant. Le reste du terrain servira d’espace public ouvert visant à moderniser l’environnement urbain de la zone. La mairie envisage d’ailleurs plusieurs possibilités : activités artistiques, installations sportives, station de réparation et de location de vélos, etc.
Le périmètre de la nouvelle station centrale de bus compte lui aussi être rénové. Certains des immeubles alentours seront évacués pour laisser place à des constructions plus récentes et y attirer une nouvelle population. Le projet prévoit également d’y aménager un large rond-point, de nouveaux commerces ainsi que la création d’activités urbaines, économiques et artistiques. Dans le quartier Shapira, plutôt populaire et religieux, les vieilles bâtisses seront remplacées par de nouveaux logements. Le déblaiement permettra l’élargissement des espaces publics de 17%. Ces plans tendent à améliorer la qualité de vie des habitants et à retaper tout le secteur, tant au niveau de la population qu’au niveau des activités.
De même, la municipalité a investi des millions de shekels pour le développement du quartier Névé Shanan : rénovations des infrastructures, des jardins, des trottoirs, du piétonnier, de l’éclairage et des chaussées.
En avril dernier, les projets communaux pour les zones Shapira et Florentine ont débutés. Avec un budget de 20 millions de shekels, ils comprennent l’agencement de nouveaux équipements : places de parking, signalisation, circulation, espaces publics ouverts, parcs, plantations d’arbres et d’arbustes, jeux pour enfants, aires de sport, mobilier urbain, bancs, nettoyage de fond, etc. Là aussi, l’objectif concerne le renouvellement urbain et la création d'un complexe résidentiel ainsi que de commerces pour renforcer le bassin d'emplois, pour l’amélioration de la qualité de vie et du confort des citadins.

Enfin dernière tendance : la redécouverte du quartier populaire Hatikva, qui intéresse de plus en plus les investisseurs en attendant les prochaines directives de restauration de la mairie.

Tous ces projets de réhabilitation ambitionnent d’attirer une nouvelle population (non émigrée) dans le sud de Tel-Aviv et d’y développer de nouvelles activités économiques. Il était temps.

Tel-Aviv, une ville à vivre intensément.

Qu’est-ce que la psychologie environnementale ?
Professeur Yona Ginzburg (sociologue urbaine à l’Université Bar-Ilan de Ramat Gan): Ce domaine s’occupe de déterminer l’influence de l’environnement sur l’individu, de mesurer son degré de satisfaction et d’analyser son comportement.

En quoi le comportement des habitants dépend de leur milieu urbain ?
Pr. Y. G. : D’une certaine manière, l’environnement physique nous influence. Par exemple, si les rues sont animées et vivantes. Mais il n’y a pas de déterminisme. Aussi, la vie en ville ou en périphérie diffère. Les rapports de voisinage ou d’amitié ne sont pas les mêmes dans un cas ou dans l’autre. En fait, contrairement à l’environnement naturel inchangeable, les individus choisissent leur cadre urbain, celui qui leur convient.

Comment l’espace citadin nous influence-t-il ?
Pr. Y. G. : De plusieurs manières. Du point de vue physique d’abord : s’il est vert, s’il est dense, etc. Les commodités telles que les transports ou les commercent nous affectent également. Du point de vue des services ensuite, spécialement des écoles. Le voisinage compte aussi : quelle est la population, comment se conduit-elle, a-t-elle les mêmes comportements que moi ? Je dirais que la variable ‘’éducation’’ se révèle en fait la plus importante. La réussite des écoles tient moins à la qualité des enseignants qu’à la population qui les fréquente.

Pourquoi l’architecture influe-t-elle sur le style de vie ?
Pr. Y. G. : La construction en hauteur illustre bien le problème. Pour qui sont construites les tours, pour quel type de catégorie sociale ? Il s’avère qu’elles visent plutôt la classe moyenne + et moins les familles. Cela crée donc une sorte de ségrégation sociale.

En quoi les projets de construction sont-ils sensés améliorer le bien-être des citoyens ?
Pr. Y. G. : Essentiellement s’ils sont conviviaux, en accord avec les désirs des habitants, à l’écoute de leurs besoins. Il faut également qu’ils prennent en compte les espaces verts, la proximité des services publics, notamment ceux destinés aux personnes âgées, le sentiment de sécurité grâce à des agencements matériels comme l’éclairage des rues.

Est-ce que l’environnement urbain se conçoit de la même manière que celui de la sphère privée ?
Pr. Y. G. : Non, les deux sont séparés. L’espace public appartient à tout le monde. Il répond à des règles. Chacun doit y adapter son comportement. Contrairement à la vie de quartier, toute grande ville est hétérogène et comprend différents groupes respectant diverses coutumes. Il faut l’accepter.

L’image de la ville est-elle importante pour une bonne qualité de vie ?
Pr. Y. G. : Oui. Il existe plusieurs indicateurs. Après une époque durant laquelle les gens quittaient les centres villes, ils y reviennent. Tel-Aviv garantit un bassin d’emploi. Elle offre également de nombreux lieux de culture et de divertissement. L’agglomération grandit. De plus en plus de population s’y installe. Du coup, le prix des loyers et des achats de logement augmente car beaucoup d’Israéliens préfèrent dorénavant habiter en ville.

Quelle est justement l’image de Tel-Aviv aujourd’hui ?
Pr. Y. G. : On l’appelle ‘’l’Etat de Tel-Aviv’’ parce que la ville est déconnectée du reste du pays. On la surnomme aussi ‘’la ville qui ne dort jamais’’ à l’instar de New-York bien que Tel-Aviv ne soit pas New-York. Elle a l’image d’une métropole, d’une cité ouverte avec moins de préjugés sociaux (par exemple envers les familles monoparentales). Enfin, Tel-Aviv ne serait pas ce qu’elle est sans son bord de mer ou son nouveau port.

Au niveau urbanistique, comment définiriez-vous Tel-Aviv ?
Pr. Y. G. : On ne sent pas les frontières physiques de la ville. Il n’y a pas d’impression de ‘’quartiers’’. La cité donne un sentiment de liberté car elle ne subit pas de pression sociale. Elle vit moins de conflits entre groupes du genre juifs/arabes ou religieux/non religieux.

Comment voyez-vous l’évolution de la ville du point de vue sociologique ?
Pr. Y. G. : Jusque dans les années 1990-2000, Tel-Aviv se développait particulièrement vers le nord. C’est un phénomène nouveau que la ville se rénove au sud. Et c’est une bonne chose. Mais le fait d’intégrer des immeubles prestigieux dans des zones défavorisées entraine une ségrégation, une sorte de ghettoïsation communautaire sociale. Comme dans toute grande ville, il existe alors un risque de repousser une grande part de la population démunie ou âgée vers la périphérie.


Noémie Grynberg

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