Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Juifs de France : inquiets et heureux à la fois

 Le livre d’Erik H. Cohen « Heureux comme Juifs en France ? », sorti en septembre 2007 aux Editions Elkana en partenariat avec Akadem, a été présenté lors d’une conférence, au Consulat de France à Jérusalem en février dernier. L’occasion d’exposer l’analyse de cette communauté juive de France et d’en révéler toute sa diversité. Un ouvrage indispensable dans tous les foyers.

La communauté juive de France est en pleine mutation. Beaucoup d’idées circulent à son sujet. Mais qu’en est-il réellement ? Le Docteur Erik H. Cohen, sociologue franco-israélien, professeur à l’Université Bar-Ilan, a mené en 2002 une vaste enquête sur les Juifs de France afin d’en dégager une image la plus fidèle possible. S’appuyant sur un échantillon représentatif de 1.132 personnes majeures réparties dans 30 départements, Erik Cohen a sondé les valeurs de cette communauté en évolution ainsi que l’identité à laquelle chacun se définit. Les résultats de l’enquête ne manquent pas de laisser en haleine le lecteur et de clarifier beaucoup de points. Le premier : combien y a-t-il réellement de Juifs en France aujourd’hui ? Ont-ils plus d’enfants que la moyenne nationale ?

En 2002, on remarque une inversion de tendance au sein de la communauté juive de France. Alors qu’il y a encore vingt ans elle était majoritairement constituée de Juifs venus d’Afrique du Nord, aujourd’hui, près de la moitié des chefs de ménages juifs est née en métropole. Cette immigration a eu des répercussions démographiques au niveau national : en 1988, la communauté comptait 34% Ashkénazes contre 50% de Sépharades ; aujourd’hui 24% contre 70%. Au niveau régional, cette tendance peut être plus ou moins infléchie.

Pour la répartition géographique, Paris compte à lui seul un quart de l’ensemble des Juifs de France.

La communauté est-elle plutôt jeune ou vieillissante ? Plus de la moitié a 50 ans et plus. Ce qui n’empêche pas la majorité des Juifs de France d’être actifs.

Concernant le statut matrimonial, le divorce est un phénomène qui prend de l’ampleur au sein de la population juive. On constate un recul depuis 1975 du nombre de couples mariés. Cependant, il existe des variations entre hommes et femmes. Par contre, les célibataires sont moins nombreux que parmi la moyenne nationale. Bien que la natalité soit plus importante au sein de la communauté juive de France, elle tend à baisser depuis 20 ans. Les familles nombreuses sont minoritaires.

Sur la base du niveau d’étude, on peut dire que l’intégration des Juifs de France est réussie. Au plan national, près de la moitié a un niveau supérieur, chiffre en progression. Il est supérieur à celui de la moyenne française.

Le problème de l’identité est crucial. Comment se définissent les Juifs de Frances ? Ils semblent plutôt bien assumer leur identité. Ils se sentent surtout très proches d’Israël. Mais les mariages mixtes sont en progression : près d’un tiers.

Quelles sont les valeurs des Juifs de Frances ? Les deux principales sont : honorer ses parents et fonder une famille. La tolérance et le respect des autres sont également des valeurs de transmission.

L’étude d’Erik Cohen met en relief la typologie de la communauté juive de France. Elle se divise en 4 catégories selon les valeurs et la pratique religieuse : les Individualistes (revenus moyens supérieurs, éducation moyenne supérieure, 50 ans et plus) fondés sur les valeurs de l’égoïsme comme les vacances, le sport, l’apparence (non pratiquants et traditionalistes), les Universalistes (revenus élevés, éducation élevée supérieure, 40-49 ans) déconnectés de la communauté juive, tournés vers l’autonomie, la socialité (non pratiquants), les Traditionalistes (revenus faibles, éducation faible, 50 ans et plus) fondés sur l’autorité comme dieu, les parents, et pour finir les plus jeunes, les Revivalistes (revenus moyens inférieurs, éducation moyenne inférieure, 29-39 ans) fondés sur l’autonomie comme les amis, les loisirs, et l’autorité comme la foi, la famille (traditionalistes).

De cette typologie, Erik H. Cohen conclut qu’il existe une corrélation entre le système de valeurs dominantes de chaque profil et son degré de fréquentation des institutions de la communauté juive. Elles sont en tout cas un lieu de renforcement religieux pour ceux qui les fréquentent le plus.

Quelles sont leurs inquiétudes ? En tête de liste arrivent le terrorisme et l’antisémitisme.

Enfin, près de 90% des chefs de ménages juifs se déclarent heureux et satisfaits de leur vie. Alors, heureux comme Juif en France ?

 

 

 

 

 


Israel Magazine / Noémie Grynberg 2008

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Commentaires

  • Krief Rina

    1 Krief Rina Le 12/05/2010

    Bonjour,

    Aujourd’hui, en 2010, à Compiègne, en France, un médecin juif est indésirable, et subit le même sort que l’affaire Dreyfus, et le même scénario de « 7 morts sur ordonnance »… et tout ceci avec l’appui et le soutien des élus locaux…. Aujourd’hui c’est un médecin juif qui est la cible, et demain ce pourrait être vous…

    Si vous souhaitez assister au procès le 1er juin 2010, envoyez nous votre adresse mail et nous vous donnerons toutes les coordonnées nécessaires (jour, heure et lieu du procès).

    Madame Krief
    Medecin.juif@yahoo.fr
  • ATLANI patricia

    2 ATLANI patricia Le 25/07/2010

    unissons nous pour que notre parole soit peut-etre entendue! vous avez tout mon soutien!!!

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