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Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Les Juifs du Venezuela

Drapeaux  Alors que le Venezuela semble à la veille d’un renversement de gouvernement, qu’en est-il de la communauté juive locale ? Comment et pourquoi s'est-elle dégradée depuis 20 ans ? Historique.

La communauté juive du Venezuela, principalement orthodoxe, comptait environ 22.000 personnes lorsque Hugo Chavez entre en fonction fin 1998 comme président de la République. Mais sa politique de nationalisation des industries et des ressources naturelles ne pose pas les bases d'un développement durable. De plus, an fil des ans, le leader bolivarien vire de plus en plus vers l’autoritarisme.
Au début des années 2000, la crise économique du pays, la rhétorique antisémite ainsi que le soutien du régime radical à l'Iran, à la Syrie et à des organisations islamistes palestiniennes telles que le Hamas, marque progressivement l’augmentation de l'émigration des Juifs vénézuéliens.
La Confédération vénézuélienne des associations israélites fait part de son inquiétude : à partir de 2004, le discours du Président, qui avait "jadis clairement différencié la critique d'Israël de celle de la communauté juive vénézuélienne", fusionne peu à peu avec ses idées antisionistes.
La critique de Chavez face aux actions militaires israéliennes lors de la guerre du Liban de 2006 attise encore davantage l'antisémitisme.
Puis, suite à l’incursion de Tsahal à Gaza fin 2008, le chef de l’Etat rompt ses relations diplomatiques avec Jérusalem et renforce sa rhétorique anti-israélienne, notamment en qualifiant le pays de génocidaire. Les Juifs locaux craignent que les incessants discours haineux de Chavez ne suscitent de l'hostilité envers leur communauté. En effet, les persécutions antisémites sont accentuées après la fermeture de l'ambassade d'Israël durant l'opération militaire Plomb Durci.
En 2009, la crainte de la violence aveugle, la perte de confiance dans la police et le système judiciaire conjuguées aux propos venimeux du dictateur contre l’Etat hébreu et Tiferet Israelaux souvenirs encore frais d'un assaut contre la principale synagogue de la communauté de Caracas, Tiferet Israel, pousse de nombreux Juifs à se demander s'il y a un avenir pour eux au Venezuela.
En novembre 2010, plus de 50% des Juifs vénézuéliens ont quitté le pays depuis l'arrivée au pouvoir de Chavez. Les restants se plaignent de "l'antisémitisme officiel". Au début de 2013, seulement 9.000 Juifs vivent encore au Venezuela et en 2017, environ 6.000, dont la majorité résident dans la capitale. Parmi les destinations des émigrants, la principale reste les États-Unis, en particulier Miami. D'autres choisissent Israël, ainsi que le Panama, la Colombie, le Costa Rica le Mexique et le Guatemala.

Autres temps autres mœurs ?
Après la mort du Président Chavez en 2013, Nicolas Maduro, dont le père serait d'origine juive séfarade, prend sa succession à la tête du pays et épouse la politique menée par son prédécesseur. Il continue à user de l’antisémitisme par le biais d'actions ou de déclarations. Il s’en défend en expliquant avoir "un problème avec l'Etat d'Israël, pas avec les Juifs". "S’il y a un peuple qui a une grande histoire socialiste, c'est bien le peuple juif, nous respectons cette Histoire" ajoute-t-il.
Pourtant en 2014, Nicolas Maduro ne manque pas d’alimenter une atmosphère anti-israélienne et antisémite en publiant de nombreux appels comparant Israël aux nazis et exigeant de la communauté juive sa condamnation de l’opération Bordure protectrice.
Mais bientôt, face à la grave crise économique provoquant notamment des pénuries alimentaires, Nicolas Maduro est confronté à des manifestations meurtrières et à une opposition demandant sa démission. Les Juifs du Venezuela fuient alors de plus en plus le pays à cause de l'instabilité politique grandissante et à la violence qui monte d’un cran.
Aujourd’hui à nouveau, le pays est secoué par une immense vague de protestation demandant le départ du chef de l’Etat. Mais un changement de pouvoir ramènera-t-il un climat d’apaisement pour la communauté juive du Venezuela ? A suivre.


Noémie Grynberg 2019

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