Créer un site internet
Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Les Juifs de la Nouvelle Orléans

Port et centre commercial à l’embouchure du Mississipi, dans l’Etat de Louisiane, la Nouvelle Orléans n’a pas toujours été accueillante pour les Juifs. Colonie française puis espagnole, la ville leur a d’abord été interdite. Ce qu’est qu’en passant sous autorité américaine que les Juifs ont enfin pu s’y établir. Depuis, la communauté s’y est parfaitement intégrée.

Histoire
La Nouvelle-Orléans est fondée par les Français en 1718. Mais les rois Louis XIV et Louis XV entendent réserver à la foi catholique les colonies d’Amérique : ils excluent toute implantation de Protestants et de Juifs. Ainsi, le ‘’Code Noir’’ promulgués en 1685 par Louis XIV est appliqué à la Louisiane. Réédité par le gouverneur français de l’Etat, il ordonne notamment l’expulsion des Juifs. De ce fait, la Nouvelle-Orléans est restée majoritairement catholique contrairement au reste de la Louisiane plutôt protestant.
Malgré tout, parmi les pionniers de la ville se trouvent quelques Juifs. Ce sont principalement des marchands et négociants Espagnols et Portugais venant des Caraïbes.
En dépit du ‘’Code Noir’’, la communauté juive croît. Lorsque la Nouvelle-Orléans est cédée à l’Espagne en 1762, de nouvelles lois restrictives contre les Juifs sont promulguées.
La ville revient sous contrôle français en 1800 mais en 1803 Napoléon Bonaparte vend la Louisiane aux États-Unis pour 80 millions de francs. Ainsi, la Nouvelle-Orléans passe sous autorité américaine. De nombreux Juifs en profitent pour venir s’y installer. La communauté s’enrichit d’immigrants venus d’Allemagne, de Hollande, d’Angleterre, de Jamaïque mais aussi d’autres Etats des Etats-Unis. Parmi les premiers Juifs à s’installer dans la ville se trouvent Jacob et Judas Touro, célèbres philanthropes originaires de Hollande, puis Alexander Isaac, Asher Phillips, Abraham Labatt, Bernard Cohn, Ezekiel Solomon, et Gershom B. Kursheedt. Tous contribuent grandement au renforcement de la communauté à la Nouvelle-Orléans. En 1830, celle-ci devient prospère. En 1832, une importante colonie agricole est officiellement fondée pour accueillir des émigrants russes.

Vie religieuse
La réforme arrive à la Nouvelle-Orléans dans les années 1800. La congrégation portugaise est fondée en 1846 alors que les Juifs orthodoxes d’Europe de l'Est s’établissent dans la ville du milieu du 19e siècle au début du 20e.
La première congrégation réformée est fondée en 1870. Cette dernière compte le plus grand nombre de fidèles, suivie par les 3 congrégations orthodoxes fondées entre 1875 et 1903. Cette grande vague d’immigration orthodoxe d’Europe de l’Est tente de cohabiter avec les traditionalistes et réformés. Mais des frictions apparaissent. Les réformés reprochent aux orthodoxes d’être ‘’trop Juifs’’ et craignent que cela attirent de l’antipathie à leur égard.
Quant aux Juifs francophones et germanophones, ils forment plusieurs congrégations dans le nord de la ville.
De façon générale, la Nouvelle-Orléans n’est pas particulièrement une ville pieuse. Malgré tout, Shaarei Hessed, la première synagogue, est agréée en 1828. La même année, le cimetière juif est créé par les descendants des Juifs allemands arrivés en Louisine en 1803. Mais la pratique de la communauté semble laisser à désirer : peu de respect de la cacherout, de la circoncision et de shabbat. Seul un cinquième des garçons savent lire l’hébreu.
En 1854, la ville compte 2.000 Juifs et en 1860, 8.000. En 1861, la communauté juive de Nouvelle Orléans est la plus importante de tout le sud des Etats-Unis et la septième plus grande du pays.
De multiples associations sont crées entre 1880 et 1891. En 1910, on compte 18 organisations de charité et d’aide sociale différentes. De nombreuses écoles et institutions juives sont subventionnées par des bienfaiteurs de la communauté.
En 1960, la Nouvelle-Orléans s’enrichit d’une nouvelle communauté traditionaliste composée de 150 familles.
La Nouvelle-Orléans possède 3 synagogues : la synagogue Touro est la seconde plus ancienne synagogue aux Etats-Unis, le Temple réformé Sinaï qui a plus de 138 ans et la Congrégation Gates Of Prayer (Portes de la prière), la seconde synagogue réformée de la ville.
Aujourd’hui, à peu près la moitié de la communauté appartient au courant réformé.

Aujourd’hui
De façon générale, les Juifs ont toujours été bien intégrés à la vie de la ville et ont contribué à son économie activement. Ils ont accédé à de hauts postes dans la société locale comme Martin Behrman, maire de la ville pendant quatre mandats successifs, de 1904 à 1920.
Les relations avec les non Juifs sont traditionnellement bonnes, avec peu d’antisémitisme. Sauf après la Seconde Guerre Mondiale, la communauté juive de Nouvelle-Orléans doit affronter une certaine hostilité. Dans les années 50-60, les luttes anti-ségrégationnistes font émerger en même temps que des sentiments anti-Noirs, des sentiments anti-Juifs.
En 1967, la population juive de la ville est estimée à 10.000 âmes ce qui représente 1% des habitants.
Dans les années 1990, la Nouvelle-Orléans reçoit peu d’immigrants d’Europe de l’Est. La majorité des membres de la communauté sont des Juifs natifs de la 3e et 4e génération. Ils représentent à peu près 13.000 âmes.
Malheureusement, très affaiblie depuis le passage de l’ouragan Katrina en août 2005, la communauté juive locale cherche à recruter de nouveaux membres. En effet, la population juive est passée de 10.000 avant l’ouragan à 7.000 après son passage. En 2007, la Fédération juive du Grand Nouvelle-Orléans fait un appel : "la communauté juive est sur le point de lancer une nouvelle campagne de reconstruction afin de recruter plus de 1.000 familles juives à la Nouvelle-Orléans grâce à des aides de déplacement, des subventions, des prêts et d'autres incitations économiques.’’
Heureusement cette année, le passage de l’ouragan Gustave n’a pas fait les ravages d’il y a 3 ans.

Bien que les Juifs n'aient jamais représenté plus de deux pour cent de la population de la Nouvelle-Orléans, ils sont une force majeure dans la ville, dominant le commerce, la vie sociale et les institutions artistiques.


Noémie Grynberg 2008

  • 3 votes. Moyenne 5 sur 5.

Commentaires

  • hemitouche-zennadi

    1 hemitouche-zennadi Le 28/08/2012

    bonjour a tout les juifs de monde entier merci
  • obs

    2 obs Le 25/08/2017

    Merci de cet article plutôt informatif et optimiste..
    Toutefois la phrase de fin peut sembler un peu malheureuse ..
    les curieux choix du mot 'dominer' vous voulez ier peut-être dire "s'illustrent " ou ont un rôle important.. ou..
    D'ailleurs comment patient ils avoir un rôle très important..
    Vous parlez pour tout l'état de moins de deux mille familles (bébés et vieillards inclus!).. ds un état de 5 millions de personnes..

    0.1 à 0.2% d'une population... évents riches et niveau pauvres inclus comment voulez vous que cela pese bcp???
    (Bon ok, un ultra micro milieu comme celui des quelques milliers de diamantaires anversois...)

    ..Et merci encore de cet article, btw..avez vous idées des évolutions.. pas mal d'années s'étant écoulées depuis cette rédaction..

Ajouter un commentaire

Anti-spam