Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

David Cohen-Zardi : une peinture juive délibérée

Originaire de Tunisie, David Cohen-Zardi peint des œuvres empruntes de spiritualité juive. Développant un style personnel, il yossef.jpgaborde des thèmes ambitieux.

Pourquoi et comment avez-vous choisi la peinture comme moyen d’expression ?
David Cohen-Zardi : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai constamment crayonné. Ce plaisir s'est affiné au fil des années et des milliers d'heures de griffonnage en tout genre. Petit à petit, je me suis ouvert à l'art en général et notamment à la peinture, art par excellence, mais aussi à la gravure, à la sculpture, à la musique et à la poésie. C’est ainsi que j’ai donc naturellement commencé à peindre.

Techniquement, comment travaillez-vous ?
D. C.-Z. : Je réalise de brèves études sur des cahiers et teste différentes couleurs, différents traits et structures du tableau. Puis je dessine le projet sur la toile et je peins ensuite soit à l’acrylique, soit à l’huile, tantôt au pinceau, tantôt au couteau. Le plus souvent, j’applique après quelques mois, plusieurs couches de vernis brillant. Je réalise également des copies de mes tableaux par impression numérique haute définition sur toile montée sur châssis. Elles donnent le même rendu que la peinture originale mais coutent moins chères que la précédente.

Qu’exprimez-vous à travers vos toiles ?
D. C.-Z. : Je n’expose pas de message particulier mais plutôt l’envie de faire découvrir la beauté du judaïsme et de sa complexité. Sa richesse ne saurait être contenue dans toutes les toiles du monde cependant la peinture offre tant de possibilités d’expression qu’il est impensable de ne pas y recourir. Mon art décrit une vision intérieure propre du monde juif. Sans énigmes, ni idées complexes ou inutiles, j’essaie de toucher les gens par mon amour du judaïsme. Je tends donc à rendre mes tableaux accessibles au plus grand nombre quitte à réaliser parfois une peinture naïve. Je dépeins un univers toujours optimiste, souvent coloré mais aussi le plus concret possible. Ainsi, j’exprime un idéal du judaïsme, un espoir de la reconnaissance du Juif comme être de vérité, de bonté et de justice pour toute l’humanité. C’est une espérance forte en ces temps messianiques.

Comment le public réagit-t-il ?
D. C.-Z. : De manière générale, l’accueil est très chaleureux. Le public apprécie particulièrement les tableaux des lettres hébraïques tout en couleurs.

D’où viennent les composantes juives de vos créations ?
D. C.-Z. : Inspiré par l'art juif, je me suis tourné vers de peintres comme Lucien Krief, Alain Kleinman, Marc Chagall et bien d'autres. Je l’ai abordé à travers la calligraphie et les figures traditionnelles du judaïsme. Ainsi, l'alphabet hébraïque auquel je suis très sensible, est très présent. La richesse infinie de ses caractères et de ses mots ouvre un champ de possibilité immense. Parallèlement, j’ai toujours été attiré par l’idée de transmission, clé de l’éternité du peuple juif. D’où mes portraits de maîtres et rabbins imaginaires, acteurs incontournables de la tradition. Je m’intéresse également aux grands symboles ésotériques comme l’arbre de vie et à l’histoire juive, extrêmement riche en légendes, anecdotes et enseignements.

Quel est votre lien propre avec le judaïsme ?
D. C.-Z. : Les thèmes juifs me sont chers : un peuple, une loi, une terre, un Dieu. Je suis viscéralement attaché à chacun d’eux. Le judaïsme est pour moi si différent de tout ce qui existe, si particulier et si fort, qu’il est mon plus grand trésor et ma plus grande chance.

Quel lien entretenez-vous avec Israël ?
D. C.-Z. : Israël demeure un amour éternel, un amour d’enfance. Petit, j’y venais en vacances. A 16 ans, j’ai décidé de faire mon alya. J’ai étudie dans une yeshiva française du Néguev pendant 2 ans. Je rêvais de rentrer à l’armée et de me fondre dans la vie israélienne. Malheureusement, cela ne s’est pas réalisé et à 18 ans, je suis rentré en France pour des raisons personnelles. Aujourd’hui, j’ai toujours de la famille et des amis en Israël. J’espère y remonter dès que possible.

Quels sont vos projets, vos attentes ?
D. C.-Z. : Réaliser des toiles traitant d’événements de l’histoire juive, des symboles du midrash ou des figures juives incontournables. Parallèlement, j’imagine une approche plus contemporaine pour les lettres de l’alphabet. Je travaille à un style plus mûr et personnel, plus abouti. Enfin, j’envisage des expositions.


Noémie Grynberg 2012

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