Noémie Grynberg Penser le monde : information et analyse

Soussia, le symbole d’une ville halakhique

Située à la frontière nord du désert du Néguev, au coeur des monts de Judée entre Beer-shev’a et le sud du Mont Hébron, Soussia est une ancienne cité juive du temps du Talmud et de la Michna, il y a 1.700 ans. A l'époque, une communauté de 5.000 Juifs y a vécu pendant près de 500 ans. La ville antique de Soussia a été retrouvée après la Guerre des Six Jours.

Après la destruction du Temple de Jérusalem, de familles juives décidèrent d’aller vivre dans le désert, retirées de tout, alors que la plupart du peuple avait quitté Israël pour s'installer en exil.
Dans le temps, la ville était confrontée à trois problèmes majeurs : la sécurité, la subsistance et le manque d'eau. Mais les habitants de Soussia trouvèrent  des solutions à leurs difficultés. Pour la sécurité, une grande muraille avait été érigée pour protéger la ville d'un éventuel danger.
Pour les ressources en eau et pour survivre dans ce climat aride, où chaque goutte de pluie est précieuse, un savant réseau d’aqueducs, de canalisations en surface et des dizaines de puits reliés à une citerne furent construits pour recueillir la pluie hivernale. Soussia possédait également plus de 35 bains rituels (mikvaot) bien que l'eau manquât cruellement dans le désert. Ainsi, ce nombre particulièrement élevé de bains rituels prouve que les Juifs de la ville accordaient une importance majeure à mener une vie conforme aux règles de pureté. Elle est l’exemple de la cité juive construite selon les principes bibliques.
De plus, à Soussia, on trouve encore des encoches dans le linteau des portes d’entrée de chaque maison où étaient inséré le parchemin des mezzuzot. Au-dessus des portes des habitations étaient gravés des chandeliers à sept branches (ménora), symbole du Temple. Ceci témoigne de leur foi et de leur espérance dans sa reconstruction.
Les périmètres des cours intérieures permettaient la délimitation du hérouv. Ainsi, selon le Talmud, il permettait aux Juifs de porter du domicile vers l'extérieur pendant le shabbat.
Concernant les activités de subsistance, un pressoir à olives indique que les habitants fabriquaient vraisemblablement de l’huile, selon les préceptes de la Mishna. D’autres lieux attestent de la fabrication locale de peaux pour la confection de parchemins mais aussi de vêtements. La ville possédait aussi une activité de tannage, de poterie et de production de vin.
L’ancienne synagogue, bâtiment phare de la localité, domine la crête du site, au bout de la rue principale. Autrefois, les synagogues devaient être construites sur le point culminant de la ville, selon les préceptes de la halakha. Elle est orientée nord, en direction de Jérusalem. D'une belle architecture, comme les autres synagogues de la même époque, elle est ornée de mosaïques du sol au plafond, d'inscriptions hébraïques et de symboles judaïques. Celle du sol, immense, assez bien conservée, représente des scènes du Temple : l’arche d’Alliance, le chandelier à sept branche, les espèces végétales symbolisant la fêtes de Soukot (loulav, etrog), une corne de bélier (schofar), un encensoir.
Au temps du Talmud, la synagogue ne servait pas uniquement de lieu de culte. Elle servait également, en plus de l’étude et de la prière, de centre de la vie juive. Des activités publiques (fêtes communales, rencontres), culturelles et éducatives y étaient organisées. Elle servait aussi de cour rabbinique (beit din).

À présent, cette région des monts de Judée a refleuri grâce à la vingtaine de localités juives qui s’y sont installées. Plus de 20.000 habitants y résident actuellement.

Authentique cité juive, Soussia est un des plus intéressants sites à visiter pour appréhender le mode de vie des Hébreux de l’époque et pour comprendre les principes de la loi juive dans leur pratique quotidienne. Une promenade à travers ses vestiges nous replonge du 3e au 9e siècle après J.-C. Soussia est une des seules localités d’Israël a être restée intacte depuis cette époque. Elle nous révèle à quel point cette ancienne communauté était restée fidèle à la tradition et menait une existence en accord avec la Thora.
Pour les visiteurs francophones, un film en français explique le riche héritage de la vie juive de la ville dans son ensemble.
Durant les fêtes de Pâques, Soukot et Hanouka, des visites costumées et des animations sont organisées, ce qui rend le site encore plus vivant. Des activités de poterie sont proposées pour les enfants. Raison de plus pour vous y rendre en famille pendant les fêtes de Tichri.


Noémie Grynberg / Israel Magazine 2007

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